Le gouvernement a, certes, accumulé les bévues sur le dossier de la réforme des retraites. Pendant un an, il a joué au chat et à la souris avec les syndicats, parlant tantôt de « négociations », tantôt de « consultations » ; divergence reflétant le balancement permanent, et typiquement chiraquien, entre ses deux sensibilités, celle des sociaux (François Fillon) et celle des libéraux (Jean-Pierre Raffarin). Il a maladroitement accumulé sur la table au même moment trop de projets affectant les fonctionnaires les retraites, la rigueur budgétaire, la décentralisation de l’Etat, l’université et provoquant une masse critique explosive. Afin d’éviter une répétition des grèves de 1995, il a séparé la fonction publique générale et les entreprises de services publics, mais cette stratégie a échoué : les cheminots, les agents de la RATP et de l’EDF sont dans les rues alors même qu' »ils ne sont pas concernés » par le projet Fillon, répète vainement le gouvernement. Ensuite, trop vite réjoui de la signature de la CFDT, il a fait l’erreur de pousser l’hésitante CGT dans le clan de FO et des opposants gauchistes.
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