Le Parquet de Nancy a requis mardi la relaxe pour le couple accusé d’avoir laissé un ami prendre la route dans un état d’ébriété avancée et qui avait entraîné la mort de 4 autres personnes. Le jugement a été mis en délibéré au 19 octobre par le tribunal correctionnel de la ville.
« C’est une première juridique », affirme Me Bruno Zillig qui défend Jean-Sébastien et Angélique, elle-même paraplégique depuis l’âge de 16 ans à la suite d’un accident de voiture. Ce qui leur est reproché devant le tribunal correctionnel de Nancy c’est de ne pas avoir empêché « un crime ou délit contre l’intégrité corporelle ». L’infraction peut entraîner une peine de cinq ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende.
« C’est la première fois qu’on demande à quelqu’un d’être responsable d’un autre et qu’on s’éloigne autant des textes », affirme encore l’avocat. Selon lui, il y a faute seulement si « celui qui, sachant qu’un crime contre l’intégrité corporelle de quelqu’un va être commis, ne l’empêche pas ».
L’affaire remonte à février 2000 lorsqu’à l’issue d’une soirée bien arrosée dans plusieurs établissements des environs de Metz, un ami du couple avait quitté leur domicile et pris le volant. Ivre, Frédéric Colin, 29 ans, avait pris l’autoroute A31 à contresens et tué quatre personnes d’une même famille dans une collision au niveau de Pont-à-Mousson. Lui-même était mort carbonisé dans sa voiture.
Faire d’eux « un exemple »
La famille des victimes a porté plainte en novembre 2001, reprochant à Angélique et à son compagnon d’avoir laissé partir leur ami en état d’ébriété. L’analyse sanguine avait révélé qu’il avait 2,4 grammes d’alcool par litre de sang.
Une première ordonnance de non-lieu a été rendue par un juge d’instruction mais fin novembre 2003, après appel de la famille des victimes, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Nancy a décidé de renvoyer le couple devant la justice.
Angélique, 29 ans, affirme avoir, cette nuit-là, tenté de dissuader son ami de prendre la route mais reconnaît l’avoir laissé partir lorsqu’il s’est énervé. « On a voulu lui prendre les clés, il a dit touche pas à ça », avait-elle raconté lors de sa mise en examen. « Ce n’était pas dans mon intérêt de le laisser partir. Je lui ai proposé de dormir, mais il n’a pas voulu », avait-elle encore expliqué.
» Je comprends la douleur des grands parents des victimes. Moi aussi j’ai détesté le chauffard qui m’a rendu paraplégique à 16 ans », a affirmé la jeune femme handicapée des mains et des jambes. « La justice estime que moi j’aurais dû appeler les gendarmes mais ce n’est pas réaliste », conclut-elle persuadée que la justice veut faire d’elle et de son compagnon, « un exemple ».