Avec une « préférence corse » écartée au profit de l’ancienneté et une direction générale adjointe corse largement mise sous tutelle, l’accord signé à Marseille a mis à mal celui conclu quatre jours plus tôt à Ajaccio (Corse-du-Sud) avec le Syndicat des travailleurs corses (STC), minoritaire et proche des nationalistes.
L’intersyndicale CGT, FO, CFTC, CFE-CGC,, majoritaire dans l’entreprise, s’est pourtant gardée de « tout triomphalisme » à un moment où la compagnie traverse une grave crise financière avec des pertes prévisionnelles estimées à plus de 20 millions d’euros.
« Nous n’avons pas lieu d’être satisfait quand la direction n’est pas prête à parler des mesures de redressement qu’elle prépare. Cela confirme la gravité de la situation de la compagnie », a déclaré Maurice Perrin, délégué CFE-CGC.
Lors des sept heures d’un débat qu’il a qualifié de « nourri mais correct », le président de la SNCM, Bruno Vergobbi, s’est gardé d’évoquer l’aspect social du dossier et les mesures de redressement envisagées pour assurer l’avenir de l’entreprise.
« Si la direction considère qu’elle doit réduire la voilure, il est évident que les salariés ne laisseront pas faire », a prévenu le délégué CGT des marins, Jean-Paul Israël.
Un préavis de grève a été déposé vendredi à « titre préventif » et sera reconduit chaque jour jusqu’au conseil d’administration prévu le 7 octobre. D’ici là, un comité d’entreprise extraordinaire se sera tenu, probablement la semaine prochaine, à Marseille.
« M. Vergobbi sera bien obligé de nous expliquer où en est réellement l’entreprise et ce qu’il entend faire pour assurer son avenir », a déclaré le secrétaire CGT du comité d’entreprise, Bernard Marty.
L’une des craintes des salariés est de voir supprimer les liaisons à grande vitesse NGV au départ de Nice, jugées « trop coûteuses » par la direction qui refuse de se prononcer sur l’éventualité d’un plan social.
A la sortie d’un conflit qui a coûté plus de 4,5 millions d’euros à la SNCM, l’avenir de la compagnie maritime demeure donc incertain.
« On est mal. Qu’elles se fassent par ancienneté ou en fonction du lieu de résidence, que pèseront les embauches si on nous annonce demain un plan social et des licenciements ? L’accord signé régularise la situation, il n’assure pas la survie de nos emplois », a dit l’un des participants à l’assemblée générale avant de reprendre la mer.