La veille, Glencore, l’actionnaire principal de Metaleurop, avait exigé que la réunion se tienne à huis clos, une décision fort rare. Histoire, sans doute, d’être à l’abri de la presse et d’éventuels salariés en colère (qui ne sont pas venus). Et, tant qu’à faire, sous la protection de deux gros bras. Ce qui n’a pas contribué à rendre les débats conviviaux ni à faire baisser la colère des petits porteurs. «J’ai presque tout perdu avec mes 1 000 actions Metaleurop. Nous avons affaire à un ramassis de voyous», grognait Michel Tiphineau, un des rares petits porteurs à être resté jusqu’au bout de l’AG d’hier. «Moi, j’ai beaucoup perdu aussi, dit un monsieur qui veut rester anonyme, mais ça ne sert à rien de protester puisque l’actionnaire majoritaire fait absolument ce qu’il veut. J’aime autant partir avant la fin.» Un sentiment partagé par une autre dame BCBG qui tient absolument à faire savoir qu’elle est «prête à donner ses actions Metaleurop aux pauvres salariés licenciés, si ça peut leur être utile». En attendant, elle plie bagage bien avant de prendre part au vote des résolutions de l’AG.
Des résolutions qui déçoivent aussi beaucoup les petits actionnaires. «Rien sur les comptes, dont on sait l’état désastreux. Et rien sur la trésorerie, exsangue, ni sur un quelconque engagement de la maison mère pour éviter la liquidation pure et simple de l’usine de Noyelles-Godault. C’est une horreur. Ça devrait logiquement se terminer par une action en justice», menace un petit monsieur furieux avant de s’esquiver, sans prendre part au vote. De fait, l’idée d’une class action à l’américaine (une action en justice de petits porteurs regroupés) fait son chemin : «Pourquoi pas tenter le coup. J’ai fait partie des actionnaires de Vivendi qui ont intenté à Messier ce type d’action. Je suis prête à recommencer pour Metaleurop», prévient la dame très chic qui trouve Russ Robinson «vraiment lamentable».
source : liberation.fr