Bras de fer. «Après cette extraordinaire manifestation, je me sens renforcé pour mener le combat dans le pays et au Parlement contre le gouvernement Berlusconi», a par exemple lancé Oliviero Diliberto, leader des communistes italiens. Alors que la CGIL avait déserté le sommet de Gênes en juillet 2001, cette fois la puissante confédération syndicale italienne est venue en force. Durant tout le Forum, c’est même le syndicat des métallos qui a prêté ses gros bras au service d’ordre. Car la manifestation est intervenue à un moment où le syndicat a entrepris un bras de fer contre le gouvernement après la récente grève générale et la manifestation d’avril dernier qui avait mobilisé trois millions de personnes à Rome en riposte à la réforme des licenciements voulue par Berlusconi. Samedi, ils étaient ainsi près de 120 000 membres de la CGIL à défiler.
Un peu plus de dix ans après le Congrès de Rimini qui avait donné naissance au Parti des démocrates de gauche sur les décombres du vieux PCI, toute une frange des ex-communistes a ainsi profité de Florence pour amorcer une jonction avec les antimondialisation. «Personne ne peut mettre un chapeau sur ce mouvement», a assuré le nouveau secrétaire général de la CGIL, Guglielmo Epifani, mais le syndicat et des personnalités importantes de la gauche peuvent être des interlocuteurs.» Salué par des applaudissements, son prédécesseur Sergio Cofferati, considéré comme le futur leader de la gauche transalpine, a renchéri : «Il faut avoir un rapport dialectique avec ces mouvements. Si les responsables politiques ne le faisaient pas, ils commettraient une grave erreur.»
«Conservateur». De fait, après la démonstration de force de Florence, la tâche se complique pour les démocrates de gauche modérés qui avaient critiqué ce forum. «Blairiste» et proche de l’ancien président du Conseil Massimo D’Alema, le quotidien Il Riformista avait ainsi attaqué la semaine dernière : «Nous pensons qu’il s’agit d’un mouvement conservateur (…). Le mouvement antimondialisation s’en prend à la révolution capitaliste qui est en train de transformer la planète en un unique marché. Ce processus imparfait, inégal et inachevé a produit un spectaculaire bond en avant du PIB mondial.»
Dans ce contexte et par craintes d’éventuels actes de violence, Piero Fassino, l’actuel secrétaire général des Démocrates de gauche, ainsi que le leader de l’Olivier Francesco Rutelli avaient préféré éviter le rendez-vous florentin. De Bologne, le président de la Commission européenne Romano Prodi, consensuel, a pour sa part estimé : «J’ai les oreilles grandes ouvertes sur ce qui se passe à Florence. Ces jeunes doivent être écoutés, mais cela ne veut pas dire que leurs opinions doivent systématiquement être partagées.» l
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