Toute la journée, hier, les salariés se sont relayés pour former un piquet de grève à l’entrée de l’entreprise, dont la production était bloquée à 90 % dans la matinée, puis totalement en fin de journée. « C’est un problème dans le calcul de leurs congés payés qui a été le facteur déclenchant de ce conflit », explique René Bécart, délégué national CGT de la Filpac (Fédération des industries du livre et de la communication), venu participer aux négociations avec la direction du site. « Il faut absolument le régler, ajoute-t-il, car au-delà de cette grève, c’est tout l’avenir de l’entreprise qui est en jeu. Et il y a encore un espoir de la maintenir en vie, au moins jusqu’en janvier prochain. » Le comité d’entreprise de la SNIL se réunira le 18 septembre. Et l’administrateur judiciaire désigné par le tribunal de commerce de Senlis fera en effet connaître le 26 septembre le contenu du plan de continuation de l’activité du site. La SNIL emploie 182 salariés et imprime des brochures publicitaires mais surtout les magazines (« Moto Revue », « Cheval pratique », « Auto verte »…) édités par son principal actionnaire, le groupe Larivière. Depuis l’annonce du dépôt de bilan de la société, les ouvriers vivent dans l’inquiétude. Ils avaient débrayé quelques heures en fin de semaine dernière. « On veut savoir combien d’entre nous seront licenciés et comment nous serons indemnisés, tonne un rotativiste. Ici, la direction ne communique pas, hormis par voie d’affichage. Elle ne vient jamais nous voir ni nous parler. On a l’impression de n’être rien du tout. » Un sentiment qui vient s’ajouter au malaise que les salariés disent ressentir depuis plusieurs années : « En quinze ans d’activité ici, je n’ai jamais été augmenté, alors que j’ai vu des jeunes que j’ai formés gravir les échelons et gagner au moins autant que moi, déplore un conducteur. Nous sommes plusieurs à trouver cela injuste, et nous pensons qu’on ne nous reconnaît pas à notre juste valeur. » Jointe deux fois par téléphone, la direction du site n’a pas souhaité « communiquer autour de ce conflit ». Hier soir, estimant que les négociations portant sur les congés payés n’étaient pas satisfaisantes, les salariés de la SNIL avaient décidé la poursuite de leur mouvement. Mais les discussions devaient continuer « afin, explique René Bécart, de sortir rapidement de l’impasse ».
source : www.leparisien.com