Dix-huit passages sont prévus et TF1 s’est engagé à hauteur de 76 000 euros pour deux spots par an et a offert 1,22 million d’euros d’espace média.
Programmé moins d’un mois après celui de l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé (Inpes), le spot du CNCT confirme l’adoption d’un ton réaliste « à l’anglo-saxonne » pour des campagnes de santé publique, quitte à choquer. Le 23 juin, l’Inpes avait provoqué une ruée d’appels téléphoniques vers un numéro vert : 400 000 dans le quart d’heure suivant la diffusion sur quatre chaînes hertziennes d’un spot télévisé annonçant que « des traces d’acide cyanhydrique, de mercure, d’acétone et d’ammoniac ont été décelées dans un produit de consommation courante ». Le produit en question était la cigarette (Le Monde du 26 juin). « Jusqu’à présent, la communication sur le tabac était très frileuse, peu informative, avait alors expliqué le professeur Albert Hirsch, ancien président du CNCT. Nous avons opté pour une opération-vérité afin de contrecarrer la désinformation des cigarettiers. »
Avec sa nouvelle campagne, le CNCT se dit, dans un communiqué, « heureux d’apporter sa contribution à l’un des « grands chantiers » du quinquennat de M. Chirac, la lutte contre le cancer ». Inspirateur du spot et avocat du CNCT, Me Francis Caballero se défend d' »avoir fait une pub trash et d’avoir cherché à en rajouter dans l’horreur. Les images sont plutôt édulcorées par la musique et on ne voit cet homme que de dos. Il est temps de montrer la vérité sur ces maladies. Nous n’avons pas l’ambition de faire arrêter de fumer des personnes qui sont dépendantes du tabac depuis vingt ans. En revanche, si nous pouvons sauver des jeunes en les décourageant au moment où ils pourraient devenir des fumeurs, ce sera une bonne chose. »
20 000 MORTS PAR AN
En France, le cancer du poumon tue 20 000 personnes chaque année et il est solidement établi que fumer est un facteur de risque majeur de cette maladie. Une étude conduite par la société Harris Medical pour la Fédération française de cardiologie avait montré que 13 % des enfants âgés de moins de 10 ans et 29 % des 10-11 ans ont déjà consommé du tabac (Le Monde du 16 mars).
A la différence d’autres campagnes, le spot du CNCT est d’une facture « artisanale », la production de TF1 ayant travaillé à partir d’une bande amateur. »J’ai prêté une petite caméra vidéo à l’épouse de M. G…, qui a filmé ses dernières semaines, raconte Francis Caballero. C’est une histoire terrible. Cet homme, qui avait la langue coupée et s’étouffait la nuit du fait de sa maladie, a continué à fumer un paquet de cigarettes par jour jusqu’à la fin. Le couple a eu deux enfants qui ont aujourd’hui 15 et 17 ans. C’est surtout pour les inciter à ne pas faire les erreurs de leur père que Mme G… a accepté que nous utilisions les images de son mari. »
Le partenariat avec TF1 Publicité prévoyant deux spots par an, après les jeunes de 14 ans, la prochaine cible du CNCT pourrait être « les jeunes femmes ». L’incidence du cancer féminin a globalement presque doublé entre 1975 et 1995. En France, alors qu’en 1950 moins de 20 % des femmes fumaient, elles étaient 34 % à le faire en 1998. Parmi les femmes de 18 à 24 ans, 58,3 % étaient des fumeuses en 1995.
source : www.lemonde.fr