Le gouvernement a proposé jeudi un plan selon lequel l’Etat souscrirait « à hauteur de 25 % » au capital de la Société nationale Corse-Méditerranée (SNCM) et les salariés se verraient « proposer 5 % du capital ». Le fonds d’investissement Butler Capital Partners prendrait « une participation à hauteur de 40 % » au capital de la SNCM et Connex, filiale transport du groupe Veolia, ex-Vivendi, deviendrait « opérateur industriel » de celle-ci avec « 30 % du capital ».
25 %, UN « MAXIMUM ABSOLU »
Le plan gouvernemental a été rejeté en bloc par les syndicats. Mais selon le ministre de l’économie, Thierry Breton, qui s’est entretenu vendredi matin avec le commissaire aux transports européen, Jacques Barrot, « la Commission [européenne] et ses services ont fait remarquer de façon très explicite que ce dernier montant de 25 % était dans son esprit un maximum absolu et qu’en tout état de cause il devait être considéré comme étant résiduel, temporaire, limité dans le temps et ne donnant aucun droit particulier à l’Etat », a dit le ministre français de l’économie.
Le gouvernement s’en remet à Bruxelles sur cet épineux dossier et reste conciliant face à un conflit qui semble se tendre chaque jour un peu plus.Une roquette qui visait la préfecture de Corse a explosé, jeudi soir à Ajaccio, sans faire de blessés, à quelques mètres d’une standardiste et du préfet, Pierre-René Lemas. Sans que le lien entre le conflit à la SNCM et cet attentat soit établi, le préfet les a implicitement liés. M. Lemas, s’estimant la cible d’une « dénonciation publique », a indirectement mis en cause l’élu nationaliste Edmond Simeoni, qui l’avait rendu responsable quelques heures plus tôt, dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse, de ce qu’il considère comme une « trahison » de l’Etat : l’assaut, mercredi, du GIGN sur le ferry Pascal-Paoli, détourné de Marseille par 40 marins du syndicat nationaliste STC. La section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie de l’enquête sur l’attentat à la roquette.
LES AÉROPORTS DE BASTIA ET AJACCIO BLOQUÉS
Le premier ministre s’est dit « inquiet pour la situation qui est aujourd’hui celle de la Corse et qui est faite aux Corses ». « On ne peut impunément multiplier des grèves, des blocages sans que cela ait des conséquences sur nos concitoyens qui habitent l’île », a-t-il déclaré.
Le trafic des aéroports de Bastia et Ajaccio a été bloqué vendredi matin, les pompiers et le personnel au sol du Syndicat des travailleurs corses (STC) ayant entamé une grève en soutien aux quatre marins STC poursuivis pour le détournement d’un navire de la SNCM. Le trafic des ports de l’île est toujours interrompu. En outre, les salariés des deux dépôts de carburant de l’île se sont aussi mis en grève, de même que les chauffeurs de camions citernes du Syndicat des travailleurs corses, bloquant ainsi tout l’approvisionnement en essence de l’île. Si ces dépôts ont été momentanément débloqués vendredi matin, la peur de la pénurie a occasionné la ruée des automobilistes sur les stations service à Ajaccio et Bastia, et des files d’attente impressionnantes, tout comme la rupture de stock de certaines. Le port autonome de Marseille demeure lui aussi paralysé.