Munis de bougies et de cierges magiques, des proches des salariés de l’usine menacée de fermeture et des habitants de cette ville du bassin de la Ruhr (ouest de l’Allemagne) ont soutenu les manifestants qui montaient la garde en dépit de la fermeture hebdomadaire de l’usine le samedi et le dimanche, leur apportant des boissons chaudes.
A Bochum, qui abrite notamment un centre européen de livraison de pièces détachées qui fournit les unités d’Opel dans l’Europe entière, les débrayages ont commencé spontanément dès jeudi après-midi après l’annonce d’un projet de suppressions de 10.000 emplois au sein de Opel.
Le comité d’entreprise et la direction d’Opel vont entamer lundi des négociations, a indiqué le président du comité d’entreprise d’Opel, Klaus Franz. La priorité est de « prendre la voie des négociations » afin de voir « comment cela évolue », a-t-il dit.
Les présidents des comités d’entreprises locaux des usines de Bochum, Ruesselsheim et Kaiserslautern participeront aux négociations, a-t-il précisé, soulignant qu’il ne s’attendait pas à ce qu’elles « s’achèvent rapidement », vu la complexité du dossier.
« Nous voulons une déclaration claire selon laquelle il n’est plus question de licenciements secs pour reprendre le travail », avait prévenu samedi le président du comité d’entreprise de l’usine de Bochum, Lothar Marquardt.
Selon lui, la production va devoir s’arrêter dans les usines européennes de GM en Grande-Bretagne, Belgique et Pologne à partir de lundi, car elles sont livrées par Bochum. « Lundi, ils n’auront plus rien en réserve et ils ne pourront plus travailler », a estimé M. Marquardt. Mardi, une journée d’action d’envergure européenne est prévue chez Opel.
Samedi après-midi, lors du match de Bundesliga (1ère div. allemande de football) qui a opposé le VfL Bochum au Hansa Rostock (0-1), une banderole a été promenée sur le terrain en solidarité avec les ouvriers, proclamant : « Opel appartient à Bochum autant que le VfL ».
Le dirigeant européen de la maison mère américaine General MotorsEurope), Fritz Henderson, a menacé les salariés de Bochum, qui emploie 7.600 personnes et constitue l’un des deux principaux sites de production du pays avec celui de Ruesselsheim (centre-ouest, 20.000 employés), d’une fermeture pure et simple.
« Le danger d’une fermeture n’est pas écarté », a-t-il dit dans un entretien au journal dominical Welt am Sonntag. Il a toutefois jusqu’ici exclu toute fermeture d’usine « d’ici 2006 ».
Selon Welt am Sonntag, la direction de General Motors prévoirait, dans le cadre d’un plan de crise, d’employer dans des sociétés spécialement créées pour l’occasion les 10.000 salariés de Opel touchés par les licenciements. Ceux-ci auraient un emploi garanti pendant deux ans, mais ils devraient accepter une baisse de 30% de leur salaire.
Dans une interview au journal dominical Bild am Sonntag, M. Henderson a reconnu des erreurs de management. « Nous avons loupé quelques trains dans les années 1990. Si vous voulez, vous pouvez appeler cela des erreurs de managements », a-t-il dit. Selon lui, Opel n’aurait aucune chance de survie si d’ici à 2006 des économies de 500 millions d’euros n’étaient pas réalisées.