C’était encore impensable il y a deux ans. Le plus gros comité d’entreprise de France, la caisse centrale des activités sociales (CCAS) d’EDF-GDF (400 millions d’euros de budget et 5 000 employés), fief de la CGT de l’énergie, est aujourd’hui dans la ligne de mire de la justice. Celle-ci s’appuie sur plusieurs plaintes, dont l’une pour «avoir financé directement ou indirectement des activités sans rapport avec sa mission». En clair, pour avoir aidé la CGT et le Parti communiste.
Celui qui est à l’origine des plaintes est un ancien directeur général de la CCAS, Jean-Claude Laroche. En avril 2002, ce cégétiste intègre avait découvert le règne de la gabegie et de l’opacité. Effaré, il avait proposé de passer la paille de fer dans un système mélangeant clientélisme, emplois fictifs, contrats surpayés à des intermédiaires peu connus et utilisation dévoyée des structures et des hommes. En réponse, la CCAS l’avait alors viré avec la bénédiction de Denis Cohen, patron de la CGT de l’énergie.
A qui profite l’ «opération mains propres»? Les vrais bénéficiaires pourraient en être les durs de la CGT opposés au changement de statut. En liant les turpitudes de la CCAS au nom de Denis Cohen, ils tireraient un trait définitif sur la cogestion mise en place par l’ancien secrétaire général et la direction d’EDF. Accessoirement, ils pourraient rappeler qu’en 1998 François Roussely, PDG, avait promis de ne pas toucher à la CCAS en échange de la paix sociale.