Aujourd’hui, beaucoup de militants sinterrogent. La CFDT n’est elle pas allée un peu vite en besogne ? Surtout, pourquoi ce changement d’avis entre les deux séances de négociation ? Explication : la première version contenait tous les sujets que nous souhaitions améliorer. Mais son écriture était inachevée et les calendriers proposés trop lointains. Or, si les négociations ne reprenaient pas, c’est bien cette version qui partait, dès le 16 mai, pour avis, auprès des différents organismes de consultation obligatoires. Le dossier retraite nous échappait. Les politiques reprenaient tous les pouvoirs, et le Parlement, où les libéraux sont majoritaires, se retrouvait le mains libres. Nous avons alors tout fait, et c’est notre responsabilité syndicale, pour que les négociations reprennent. En s’engageant, la CFDT, non seulement a amélioré le texte du gouvernement, mais elle a cassé aussi, du même coup, les velléités libérales d’une partie de la majorité. Les négociateurs ont ensuite proposé un avis au bureau national qui, réuni dans la foulée, s’est prononcé à la quasi-unanimité en faveur du texte. Un avis, et non une signature, car un projet de loi n’est jamais signé par les syndicats.
Regardons, maintenant, d’où l’on part : sans réforme, le taux de remplacement pour un Smic serait tombé à 70 %. Il sera désormais, au minimum, de 85 %. Sans réforme, aucun salarié ayant commencé à travailler à 14, 15, ou 16 ans n’aurait pu parti avant 60 ans. Pour la première fois dans l’histoire de notre pays, ces trois classes d’âges, qui représentent plusieurs centaines de milliers de personnes, vont pouvoir quitter leur emploi à 56, 57 ou 58 ans. Sans réforme également, la liberté de choix pour le départ à la retraite aurait été impossible. Aujourd’hui, avec la division par deux de la décote dans le privé et la bonification en cas de prolongement, un vrai choix de vie pourra sera offert aux salariés.
Alors bien sûr, il y a des manques. Sur le financement notamment, même si nous avons arraché 0,2% d’augmentation des cotisations. Mais n’oublions pas que ce socle d’acquis n’est qu’un minimum et que des rendez-vous réguliers sont programmés : tous les trois ans pour le niveau des pensions, tous les cinq ans pour la réforme en général. Enfin, le texte du 15 mai n’est qu’un compromis entre une majorité politique et les partenaires sociaux. Les rendez vous réguliers permettent de faire entrer ces derniers dans la gestion d’une réforme progressive. Un coin est enfoncé. La CFDT fera tout pour poursuivre dans cette voie.
Organisme: CFDT