COMITE D'ENTREPRISE

Les salaires des patrons britanniques contestés par leurs actionnaires

Le vent de la révolte a ainsi touché cette semaine le groupe bancaire Barclays, le géant pétrolier Shell et le producteur d’énergie BG Group.
Jeudi, près d’un actionnaire sur trois de Barclays s’est abstenu ou a voté contre le programme de rémunération du patron de la banque britannique.
Il faut dire que la motion soumise au vote des actionnaires lors de l’assemblé générale ordinaire prévoyait un « parachute doré » en cas de renvoi de Matthew Barrett.
Si le directeur général de Barclays devait quitter prématurément ses fonctions, il aurait en effet reçu deux fois son salaire annuel, qui s’élève à 1,7 million de livres (2,45 M d’euros).
La veille, les actionnaires du groupe pétrolier Shell avaient émis des réserves sur la rémunération de Philip Watt, un quart des actionnaires votant contre une motion consacrée au sujet.
Le patron de Shell va finalement recevoir un salaire annuel de 1,8 ML alors que son groupe a supprimé 650 emplois et que l’action Shell s’est fortement repliée.
Cette défiance des actionnaires à propos de la rémunération des patrons n’est pas un phénomène nouveau, notent les associations d’investisseurs institutionnels.
« Mais c’est la première fois que les entreprises doivent systématiquement soumettre la rémunération de leur direction au vote des actionnaires », souligne Leonie Edwards, représentante de l’association des assureurs britanniques.
« En plus, le ralentissement de l’économie met sous pression les entreprises », ajoute cette réprésentante des assureurs qui détiennent d’énormes actifs à la Bourse de Londres.
De son côté, l’assocation nationale des fonds de pensions (NAPF) dont les membres détiennent 20% des actions cotées à la Bourse de Londres, souligne que la contestation porte sur un nombre limité d’entreprises.
« Sur les 4.000 motions de rénumération, nous n’avons recommandé un vote négatif que dans 0,7% des cas et une abstention dans 6% des cas », explique Andy Fleming, porte-parole de la NAPF.
« Nous n’avons pas de problèmes avec les patrons grassement payés. Encore faut-il que ces salaires correspondent à un niveau de performance de l’entreprise », ajoute-t-il.
« Il doit y avoir une corrélation entre salaire et performance du titre en Bourse », conclut le porte-parole de la NAPF.
Toutefois, cette corrélation est parfois difficile à comprendre lorsque le cours des actions est plombé par le ralentissement de l’activité économique, pondère Brian Main, professeur à l’école de commerce de Glasgow.
« Cette question semble attirer plus l’attention en ce moment, mais un directeur peut faire du bon boulot dans un contexte difficile et en même temps avoir besoin d’être bien payé », a indiqué cet universitaire.
La NAPF a fait elle campagne pour que les contrats des grands patrons soient limités dans le temps afin d’éviter de lourdes indemnités en cas de licenciement.
« Quand un nouveau patron est nommé, tout est rose: personne ne veut penser à ce qui pourrait se passer en cas de départ », souligne Brian Main.
« C’est comme un contrat de mariage: personne ne veut en parler avant la cérémonie », conclut M. Main.
© 1994-2003 Agence France Presse

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