«Un dossier comme celui-là mérite une grève. Nous allons discuter avec nos camarades des autres organisations syndicales pour essayer d’avoir une réaction collective la plus large possible, et selon moi elle doit s’appuyer sur une grève». Un peu avant lui, François Chérèque (CFDT) a appelé «tous les salariés du public et du privé à se mobiliser sur les revendications de la CFDT pour peser sur la réforme des retraites proposée par le gouvernement».
L’analyse du document du gouvernement
Les points principaux des «propositions du 18 avril soumises à la concertation».
Le texte remis aux syndicats à l’occasion des rencontres de ce matin avec les ministres des Affaires sociales et de la Fonction publique est sans ambiguïté : «La meilleure garantie, et la plus juste, pour assurer un haut niveau de retraite, sans faire reporter sur les actifs de demain une charge démesurée, est l’allongement de la durée d’assurance et de la durée d’activité.» Un moyen d’éviter de faire porter aux salariés d’aujourd’hui et de demain «une charge démesurée» aurait consisté en autre autre répartition des richesses produites, moins favorable au capital et plus aux salaires, ce qui aurait permis d’alimenter les caisses de retraites. C’est ce qui a été refusé par le gouvernement. Pour lui, il s’agit de «définir une stratégie de financement: dans la mesure du possible, prévoir un redéploiement des prélèvements obligatoires». Mais pas question de les augmenter, ce qui serait contraire à la doctrine libérale.
Ces sacrifices toucheront tout le monde, public ou privé. Après le «passage progressif à quarante annuités entre 2004 et 2008» pour les cotisations dans les fonctions publiques, le gouvernement programme «l’augmentation d’ici 2020 de la durée d’assurance» pour tous: il veut «décider dès 2003 du principe d’une augmentation de la durée d’assurance après 2008».
Dans ce cadre, il est bien évidemment exclu de continuer les systèmes de pré-retraites et il est prévu une «suppression des PRP (pré-retraites progressives) et une suppression du volet des CATS [Cessation anticipée d’activité des travailleurs salariés, NDLR] non lié à la pénibilité».
Comme pour bien montrer qu’il s’agit d’en finir avec une retraite collective et solidaire des salariés, le gouvernement veut promouvoir «la retraite personnalisée» qui donne selon lui «plus de liberté pour les cotisants». Pour cela, il instaure un véritable système de bonus-malus, dénommé pour l’occasion «surcote» et «décote». Si vous travaillez plus longtemps que la durée normale de cotisation, vous toucherez «entre 2 et 3% par année effectuée au delà de 60 ans et de la durée d’assurance requise pour liquider au taux plein». Mais bien entendu ce bonus est théorique. La durée moyenne d’activité, actuellement, est d’environ trente-sept ans et demi. Ce qui fait que pour l’immense majorité des salariés, c’est un malus qui va s’abattre sur eux à l’heure du départ à la retraite. Le texte gouvernemental prévoit d’ailleurs de faire converger progressivement la «décote» du privé et celle du public.
Cependant, pour ceux qui en auront les moyens, il est prévu d’«élargir l’accès à des outils d’épargne retraite, par des mécanismes favorisés par une incitation fiscale». Solution une fois encore individualiste et preuve, s’il en fallait encore, que les retraites concoctées par le gouvernement seront bien maigres.
Organisme: Force Ouvrière