Avant de recevoir dans l’après-midi les dernières organisations syndicales (CGT, CFTC), ils ont reçu ce matin tour à tour l’ensemble des organisations patronales, dont le MEDEF.
À l’issue de son entrevue, le président du MEDEF, M. Seillière a déclaré qu’il y a dans le projet de réforme des retraites du gouvernement «un certain nombre d’éléments favorables mais il y a aussi, bien entendu, de grandes insatisfactions». Pour «l’équité» entre les régimes du public et du privé, il a estimé que de «grands pas en avant» avaient été faits mais qu’il «subsiste encore des inégalités fortes» en faisant allusion au calcul de la pension des fonctionnaires qui se fait sur les six derniers mois de salaire contre les 25 meilleures années dans le privé et à l’indexation de son montant sur les salaires (et non sur les prix comme dans le privé). Deux mesures appliquées au privé depuis la loi Balladur de 1993 et que le patronat aimerait bien voir étendre au public à l’occasion de la réforme promise par le gouvernement.
M. Seillière souhaiterait surtout que les pouvoirs publics n’en restent pas là. D’où son «insatisfaction» quant aux «imprécisions» entourant l’allongement de la durée de cotisation pour l’ensemble des salariés du public comme du privé qui doit être «le centre de la réforme». Les imprécisions en la matière ont le don d’irriter le MEDEF qui, selon M. Seillière, a «besoin d’une décision, à partir de laquelle» le patronat pourra «négocier dans les entreprises, dans les branches et à l’interprofessionnel pour les retraites complémentaires, les adaptations souhaitables» concernant notamment la pénibilité et les longues carrières. Des adaptations qui «sont la contrepartie d’un allongement de la durée de cotisation daté, décrit, précis». Pour l’instant, le gouvernement s’est en effet bien gardé de fixer un calendrier précis concernant une augmentation de la durée de cotisation au delà de l’harmonisation des régimes du public et du privé. Tout juste, sait-on, que la question se posera à partir de 2008, le principe étant acquis pour parvenir à 42 ans en 2020. Quant aux retraites complémentaires (AGIRC, ARRCO), ce n’est pas la première fois que le MEDEF fait du chantage sur les négociations paritaires qui auront lieu à l’automne prochain entre syndicats et patronat. Le 7 avril dernier, M. Seillière avait adressé à M. Fillon une lettre dans ce sens. Il avait prévenu que s’il n’était pas satisfait de la réforme des retraites pour le privé, il serait intraitable lors des négociations sur les retraites complémentaires dont l’enjeu est de reconduire l’AGFF (Association pour la gestion des fonds de financement). Celle-ci permet aux retraités âgés de 60 à 65 ans de toucher leurs retraites complémentaires à taux plein dès 60 ans. Selon les syndicats, le MEDEF cherchera sans doute à revenir sur certaines de ses dispositions en s’appuyant sur l’issue de la réforme globale qui justifierait à ses yeux une baisse des complémentaires ou la remise en cause des possibilités de liquider une retraite ARRCO ou AGIRC à partir de 60 ans.
source : FO