COMITE D'ENTREPRISE

Amazon.com mis à l'index pour négligence en matière de protection des enfants

Emmenées par l’Epic (Electronic Privacy Information Center), elles ont déposé plainte le 22 avril contre le cybermarchand, devant la FTC, une commission fédérale chargée de la répression des fraudes et des questions de concurrence.

Elles demandent qu’une enquête soit ouverte à la FTC pour examiner ses pratiques en matière de protection de la vie privée des enfants. Ces associations affirment qu’Amazon collecte, via sa section de vente de jouets, des informations concernant des enfants, et les dévoile sur son site, en violation totale de la Coppa (Children’s Online Privacy Protection Act).

Selon cette dernière, les sites commerciaux qui ciblent les enfants (de moins de 13 ans) doivent se plier à certaines exigences: fournir une note explicative aux parents quant aux données collectées sur leurs enfants, obtenir leur consentement avant de recueillir une quelconque information et leur permettre de consulter et de détruire ces données.

Un bug dans un formulaire d’inscription

Les conditions d’utilisation d’Amazon spécifient que ses produits ne sont destinés à être vendus qu’à des personnes majeures, reconnaissent les associations. Mais le rayon Toy Store d’Amazon «cible clairement les enfants avec ses offres», peut-on lire dans la plainte. Elle met en avant «des personnages de dessin animé, des caractères [et un design] spéciaux pour amener les enfants à acheter des jouets sur le site». Par ailleurs, les sites Toysrus.com et Imaginarium.com redirigent directement leurs visiteurs vers les pages d’Amazon.com. Pour autant, aucune des dispositions prévues par la Coppa n’y apparaît, souligne l’Epic.

Le problème est encore plus sensible concernant les avis ou commentaires postés par les visiteurs en dessous des produits proposés. Il faut s’enregistrer auprès du cybermarchand pour pouvoir envoyer une critique. Celui-ci a bien prévu une procédure spécifique aux enfants, mais elle ne fonctionne pas. Ce qui conduit certainement les jeunes visiteurs à utiliser le formulaire réservé aux adultes pour pouvoir s’inscrire, dénoncent les associations.

Conséquence: certains enfants ont posté des messages laissant apparaître leur nom, leur âge, leur email et même leur adresse postale. L’Epic et d’autres associations ont recensé de nombreux cas de ce genre. Pourtant, s’étonnent-elles, Amazon prévient qu’il faudra en moyenne 5 à 7 jours ouvrés pour qu’un message apparaisse sur le site et que tout écrit ne respectant pas les règles établies par la société ne sera pas publié. «Cela signifie donc qu’Amazon surveille ces messages et qu’elle a connaissance de la collecte et de la publication de ces informations», s’indignent les associations.

D’autres sites déjà sanctionnés

Contacté par notre rédaction américaine, le porte-parole du cybermarchand estime que cette plainte est sans fondement. «Amazon.com n’est pas un site qui s’adresse aux enfants», a-t-il répété. Pour autant, il arrive parfois qu’un message avec une adresse personnelle, posté par un enfant, échappe à la vigilance du système, «mais il est alors retiré aussitôt que nous en avons connaissance», plaide-t-il.

Il reconnaît aussi un dysfonctionnement dans le processus d’enregistrement destiné aux enfants qui souhaitent donner un avis. Mais selon lui, la société travaillait déjà à la résolution de ce problème avant le dépôt de la plainte.

L’affaire est à présent entre les mains des inspecteurs de la FTC. Ils ont déjà tapé sur les doigts de plusieurs sites de e-commerce qui ne respectaient pas la Coppa. En 2001, trois d’entre eux ont été condamnés à payer 100000 dollars d’amende et à effacer toutes les données collectées.

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