Après avoir augmenté la durée de cotisation du public de 37,5 ans à 40 ans d’ici 2008, le gouvernement prévoit d’allonger progressivement la durée de cotisation de l’ensemble des salariés à partir de 2009 en fonction de l’augmentation de l’espérance de vie, dont les gains se répartiront entre temps de travail et temps de retraite, à la faveur d’une proportion de deux tiers pour le travail et un tiers pour la retraite. Le gouvernement souhaite également modifier le calcul du niveau des pensions ou taux de remplacement. Dans le privé et depuis la loi Balladur, il faut avoir cotisé 160 trimestres (soit 40 ans de cotisations) pour obtenir une retraite à taux plein. En cas de carrières incomplètes (annuités manquantes), le montant de la retraite est actuellement calculé au prorata de 150 trimestres. Il envisage désormais de le proratiser sur 160 trimestres, entraînant ainsi une nouvelle baisse des pensions.
Enfin, il a réaffirmé sa volonté d’instaurer la retraite à la carte en proposant une majoration des droits au delà de 40 ans de cotisations. Une disposition dont le but est de réduire la durée de perception des pensions. Si elles sont mises en oeuvre, ces mesures permettront de rapporter 5 milliards d’euros par an d’ici 2020 alors que les besoins de financement du régime des salariés du privé sont estimés à 15 milliards d’euros annuels. Pour Bernard Devy (FO), ce besoin de financement de 10 milliards, s’il n’était financé par aucun prélèvement nouveau, conduirait à une baisse supplémentaire de 10% des pensions d’ici 2020. En plus, bien entendu, de la réforme Balladur de 1993, qui va déjà conduire à une chute de 20% du taux de remplacement à l’horizon 2020. Il n’est pas prévu d’augmenter les cotisations car, selon le gouvernement, cela alourdirait la charge des entreprises et entraverait leur compétitivité en réduisant le pouvoir d’achat des salariés. L’augmentation des prélèvement obligatoire du type CSG n’a pas non plus été évoquée. Ce qui confirme que la logique de la réforme est de baisser des prélèvements obligatoires pour satisfaire aux exigences de Bruxelles, qui souhaite faire converger les systèmes de protections sociales européens.
Le caractère évident de dramatisation des orientations distillées vendredi a mis en colère tous les syndicats, CFDT comprise. Mais in fine, tout le monde pense que M. Fillon, ministre du Travail, jouera l’apaisement lorsqu’il recevra les leaders syndicaux les 18 et 22 avril prochains et au cours de son intervention télévisée le 24 avril. Au moins pour rallier un syndicat à son projet.