En raison de la forte augmentation du nombre de retraités dans les prochaines années, ce dernier évalue les besoins de financement supplémentaires à 15 milliards d’euros en 2020.
Mais, il n’a présenté vendredi qu’une série de mesures permettant à terme, selon ses chiffrages, d’économiser 5 milliards d’euros.
Un allongement progressif de la durée de cotisation d’ici 2020, de façon à répartir les gains d’espérance de vie en maintenant la proportion deux tiers/un tiers entre temps de travail et temps de retraite, permettrait de gagner entre 3 et 3,3 milliards d’euros.
Des incitations pour que les salariés restent en activité au delà de 60 ans feraient économiser 1 milliard d’euros.
Enfin, le gouvernement prévoit de modifier les règles de calcul des pensions pour le régime de base, pour économiser 1,7 md EUR.
Dix milliards d’euros restent donc à trouver, pour lesquels le ministère n’a avancé aucune piste.
« On reste enfermé dans des données qui ne prévoient pas de financements complémentaires », regrette Solange Morgenstern (CFE-CGC), qui estime que « la réforme ne peut que tirer vers le bas ».
« Le gouvernement nous a dit que la hausse des cotisations relevait du dernier rang dans l’ordre de ses priorités, ce qui signifie une baisse des pensions à l’avenir », juge Jean-Christophe Le Duigou (CGT).
« Le mot CSG (contribution sociale généralisée) n’a même pas été prononcé au cours de la réunion », observe-t-il.
Selon Bernard Devy (FO), ce besoin de financement de 10 mds EUR, s’il n’était financé par aucun prélèvement nouveau, conduirait à une baisse supplémentaire de 10% des pensions d’ici 2020.
Les décrets Balladur de 1993, qui ont notamment modifier les régles d’indexation des retraites, vont déjà conduire à une chute de 20% du taux de remplacement à l’horizon 2020.
Mais une baisse des pensions, pour être mise en oeuvre, nécessiterait une nouvelle modification des régles de calcul, sur lesquelles le gouvernement reste pour le moment muet.
Les syndicats craignent, en conséquence, que la réforme annoncée accouche de « mesurettes » et que la vraie réforme soit reportée à plus tard.
« Le gouvernement est très timoré, pessimiste et manque d’ambition », juge Jean-Louis Deroussen (CFTC).
« Il prend prétexte de la situation économique désastreuse de 2003-2004 pour ne pas faire de réforme », regrette Jean-Marie Toulisse (CFDT), qui espère cependant des avancées lors des rencontres bilatérales des 18 et 22 avril.
Selon lui, le gouvernement s’est enferré « dans un discours idéologique sur la baisse des impôts et des prélèvements obligatoires », réduisant « lui-même ses marges de manoeuvre ».
« On cherche visiblement à refiler la patate chaude », déplore, de son côté, Jean-Christophe Le Duigou.
Seule certitude, la Fonction publique ne devrait, elle, pas échapper à la réforme.
Alors que les réunions des groupes de travail sur le régime des fonctionnaires s’achèvent mardi, les syndicats ont eu une nouvelle confirmation vendredi de l’alignement de la durée de cotisation du secteur public sur celle du privé d’ici 2008.