Avoir tenté d’introduire un minimum de transparence au sein du CE de l’électricien national, devenu au fil du temps le coffre-fort de la toute-puissante CGT et du Parti communiste. Le pactole, il est vrai, a de quoi susciter les convoitises : 400 millions d’euros ! Soit 1 % du chiffre d’affaires d’EDF.
A peine moins que le budget du ministère des Sports… Une manne gérée par 3 500 personnes et destinée à financer les vacances et les spectacles des électriciens-gaziers, mais aussi les séminaires de formation des troupes cégétistes et parfois les emplois familiaux des dignitaires du PC. L’emplacement du siège de la CCAS, situé à deux pas de celui de la CGT, à Montreuil, ne trompe d’ailleurs personne.
« Quelle n’a pas été ma surprise de découvrir toutes les sollicitations dont la CCAS fait l’objet pour financer directement des activi- tés sans aucun rapport avec sa mission ! » écrit Jean-Claude Laroche dans une lettre adressée ces derniers jours à l’ensemble des organisations syn- dicales. « Il a découvert un vrai capharnaüm », racon-te un élu du personnel.
Arrivé il y a un an au poste de directeur général, l’intéressé a donc entrepris d’assainir les pratiques de l’organisme. Appels d’offres systématiques, éviction des fournisseurs ayant pour client unique la CCAS, in-terdiction faite au personnel rémunéré par la CCAS d’aller travailler à l’extérieur, fin des prestations de restauration payées par la CCAS : la réforme a, bien sûr, fait tousser les hautes instances de la CGT. A commencer par Jean Lavielle, le président du conseil d’administration de la CCAS. Ce pur et dur de la centrale, adoubé par Denis Cohen, le patron de la Fédération énergie CGT, a bien tenté de faire « entendre raison » à l’impétrant sur le mode « t’occupe pas et signe ! ». En vain. Dans une belle langue de bois, son conseil a tranché. « Confronté aux difficultés récurrentes de mise en oeuvre de ses orientations […], le conseil d’administration décide de la suspension du directeur général à titre conservatoire et du retrait de ses prérogatives. »
Le nom du successeur circule déjà : Olivier Fra-chon, petit-fils de Benoît, figure historique du communisme français. Avec lui, le trésor du CE sera bien gardé