Restructuration et reclassements
L’objectif, c’est la rentabilité de l’entreprise en 2006, le Pdg de Giat Industries, Luc Vigneron, l’a affirmé mardi (8 avril) au lendemain de l’annonce d’un plan de restructuration qui prévoit 3.750 salariés sur les 6.250 que compte le groupe aujourd’hui. Les dettes seront confiées à GIAT SA, le personnel protégé par son statut de fonctionnaire ou l’équivalent mis de côté et le nouveau GIAT recentré sur 4 sites principaux. La recherche à Versailles devraient à terme représenter 16% du chiffres d’affaires, Roanne va se consacrer au blindés, Bourges aux systèmes d’armes et au munitions, La Chapelle produira aussi des munitions. GIAT a l’ambition de rester le premier fournisseur de l’armée française et de regagner des marchés à l’export, rentables contrairement à son habitude.
Pour traiter les sureffectifs les 470 fonctionnaires et les 1700 ouvriers d’Etat pourront rejoindre le ministère de la Défense nationale ou un autre ministère. (L’Etat « privilégie le reclassement du personnel » de GIAT Industries, a déclaré lundi le ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie). La défense va proposer 2.000 postes mais pas forcément en adéquation avec les capacités du personnel de GIAT. Et puis au final, pour les salariés qui relèvent de la convention collective dans une entreprise ou la moyenne d’âge est extrêmement élevé -plus de 44 ans- GIAT va recourir à l’arme des pré-retraite – un système très coûteux pour les finances publiques. Le paradoxe c’est que l’on avait cru comprendre que la réforme des retraites mise en route par le gouvernement devaient dissuader les entreprises de se débarrasser trop facilement et à moindre coût de leurs salariés les plus âgés pour ajuster leurs effectifs…
La sixième restructuration en 16 ans
Les restructurations se succèdent. En moins de 25 ans, GIAT est passé de 17.500 salariés à quelque 6.200. Les sites du Mans, de Rennes, de Romorantin ont fermé d’autres ont été réduits à la portion congrue comme à Saint-Etienne où il ne reste plus que 64 salariés sur 1.200. D’où l’inquiétude des syndicats. Une inquiétude confirmée lundi (7 avril) lors du conseil d’administration et d’une réunion du comité d’entreprise selon la CFDT du groupe: le PDG Luc Vigneron a, selon le syndicat, annoncé la suppression de 3.750 emplois et la fermeture de deux sites en France d’ici à 2006. « Le PDG fait état de nombreuses suppressions d’emplois, 4.000, de fermetures des sites de Saint-Chamond (Loire, 687 postes), Cusset (Allier, 385 postes) et Tarbes (Hautes-Pyrénées) où il ne resterait que l’activité pyrotechnie », explique le syndicat. Tarbes où seuls 70 personnes devraient conserver leur emploi contre 776 actuellement. Dans le même temps, 250 embauches seront effectuées à Roanne, siège du groupe.
Le groupe GIAT Industrie, troisième exportateur d’armes dans le monde, doit confirmer officiellement ces chiffres mardi, en présentant ses perspectives en termes d’effectifs, d’activités et d’implantation des sites pour la période 2003-2006.
C’est le sixième plan social en l’espace de 16 ans. Les pertes nettes du groupe pour l’année dernière s’élèvent à 118 millions d’euros. Le 14 mars, les élus du personnel au Comité central d’entreprise (CCE) ont déclenché une procédure de droit d’alerte. D’où l’inquiétude des syndicats qui exigent depuis plusieurs mois un moratoire pour 2003 « suspendant toute annonce de plan, toute opération de démantèlement de l’entreprise, de désinvestissement ».
Les salariés ont manifesté mardi.
Une mauvaise organisation
Ce sixième plan s’annonce particulièrement conséquent. L’Etat a déjà injecté de l’argent, et le referra cette année. Ce plan témoigne quoi qu’il en soit de la mauvaise santé de l’armement terrestre… et de la mauvaise organisation de Giat. Pour construire le char Leclerc, Giat a mis en place une organisation complexifiée -essentiellement pour des raison politiques et sociales-. Toulouse fabrique les boîtiers électroniques, Saint Chamond-Saint Étienne (dont l’usine va fermer): les composants, Bourges: les canons, Tarbes (dont les activités seront profondément réduites): les tourelles… et tout ça prend la route vers une cinquième usine pour être définitivement assemblé à Roanne.
Autre absurdité elle est soulignée par la Cour des comptes: plus on vend de chars Leclerc, plus on perd d’argent. Les Émirats Arabes Unis en ont acheté 390, plus 46 dépanneuses de chars. Montant du contrat: 3,5 milliards d’ euros. Mais ce contrat a finalement fait perdre 1,3 milliard à l’ entreprise publique d’armement. La production du char Leclerc s’arrête l’année prochaine, l’armée française est équipée. Maintenant, pour résister l’industrie d’armement terrestre française doit nécessairement redéfinir sa stratégie. Elle passe sans doute par des rapprochements avec les autres industries de défense européennes. Les Britanniques avec Alvis et les Allemands avec Rheinmetall et United Defense ont mis en place des géants de tailles mondiales qui ont l’ avantage d’être rentables.
source : rtl info