La hausse continue du chômage, la détresse des licenciés

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Alors que le chômage a augmenté de 0,7 % en janvier 2003, selon le ministère des affaires sociales, la France, a souligné le chef de l’Etat, « agit sans relâche » pour créer des emplois hautement qualifiés, avec l’ambition « d’être reconnue partout comme une terre d’accueil favorable à l’investissement, à l’innovation, au lancement d’activités nouvelles et à la création d’emplois ». Le président de la République s’est félicité de l’exemplarité du pôle grenoblois, résultat d’une alliance entre le hollandais Philips, l’américain Motorola et le franco-italien STMicroelectronics, dont la production est issue de la recherche publique, privée et fondamentale.

M. Chirac n’a pas oublié pour autant l’emploi d’aujourd’hui, en assurant que « tout la gamme des moyens d’action » était mise en oeuvre par le gouvernement « pour améliorer l’environnement des entreprises », en citant notamment la formation, les baisses d’impôt et de charges, l’assouplissement des 35 heures. La France, a-t-il ajouté, s’attache « à mieux répondre aux difficultés des travailleurs éprouvés par la perte de leur emploi », comme aux inquiétudes « de ceux que l’évolution de leur entreprise laisse incertains de l’avenir ».

Il n’est pas sûr que ces propos rassureront les 900 salariés de l’usine Matra Automobile de Romorantin (Loir-et-Cher) ou les 218 salariés de l’usine Pechiney d’Auzat (Ariège), dont la fermeture a été annoncée, ou ceux de Giat Industries où se prépare une nouvelle vague de suppressions d’emplois. Le ralentissement de l’activité que, selon Jean-Pierre Raffarin, le gouvernement n’a « pas voulu, par ses décisions, accélérer », se traduira, dans les mois prochains, par une nouvelle détérioration du marché du travail. En 2002, sur fond de croissance réduite (+ 1,5 %), le rythme des créations d’emplois salariés a fortement reculé (+ 63 000 postes en glissement selon l’Unedic, + 0,4 % selon l’Insee). Et, depuis juin 2001, le nombre de chômeurs indemnisés a augmenté de 420 000 personnes. Jamais, selon le régime d’assurance-chômage, la progression du chômage indemnisé n’a été si rapide et si importante. Cette tendance devrait se poursuivre en 2003.

En janvier 2003, selon les dernières statitisques officielles, il y avait 2 323 800 demandeurs d’emploi dits de catégorie 1 (à la recherche d’un emploi à temps plein et à durée indéterminée), soit une augmentation de + 0,7 % (17 000 chômeurs de plus). A l’aune de l’ancien baromètre officiel, qui comptabilise les chômeurs de catégorie 1 et 6 ( ceux ayant exercé une activité réduite de plus de 78 heures au cours du mois précédent leur inscription à l’ANPE), l’aggravation est plus forte encore : + 0,9 % en janvier et, au total, 2 724 000 chômeurs. Le taux de chômage est désormais de 9,1 %.

Le chômage des jeunes augmente le plus fortement (+ 2,4 % en janvier, + 7,3 % sur un an) alors que le gouvernement n’a toujours pas arrêté définitivement les contours du contrat d’insertion dans la vie sociale (Civis), censé prendre le relais des emplois-jeunes. Les adultes sont un peu moins mal lotis, mais leur chômage n’en a pas moins augmenté de + 0,8 % en janvier et de + 5,4 % sur un an). Le chômage de longue durée (702 800 personnes concernées) est, lui aussi, orienté à la hausse : 436 000 personnes ont entre un et deux ans de chômage, soit une hausse de 13,1 % sur un an.

Les inscriptions à l’ANPE ont augmenté de 1 % par rapport en décembre 2002 et les sorties sont en baisse de 4,1 %. Signe de difficultés accrues dans lesquelles se trouvent plongées de nombreuses entreprises, le chômage partiel s’envole : le nombre des journées indemnisables a fait un bond de + 77 ,2 % en janvier et de 25 % sur un an. Et si le ministère des affaires sociales ne recense pas encore de hausse des licenciements économiques ils ont même baissé de 28,2 % sur an , les prochains mois promettent, sur ce terrain, d’être sombres.

Auteur de l’article : comitedentreprise.com