Venu de l’industrie agrochimique, ce Breton de 51 ans a, dès son arrivée, le 21 octobre, hérité du méchant surnom de « Pesticide ». A la tête d’une filiale d’Aventis, il avait restructuré celle-ci sans état d’âme. Sa réputation l’a précédé dans les couloirs de la chaîne. Cet ancien ingénieur civil des Mines ne connaît peut-être rien à la télé, mais sa mission à Canal + est claire : serrer les boulons. « Au début, explique un représentant des salariés, il nous a expliqué qu’il voulait comprendre comment fonctionnait l’entreprise et mettre en place une véritable stratégie. Mais très vite, on a vu les mémoires de la chaîne valser. Aujourd’hui, il ne reste personne de l’équipe Lescure. » Jusqu’alors, Bertrand Méheut devait travailler en duo avec Xavier Couture, fin connaisseur de l’audiovisuel. Il pourrait se retrouver désormais en première ligne, face à plusieurs dossiers chauds.
Les programmes. « Mon départ n’est pas à l’ordre du jour », affirmait hier Dominique Farrugia, l’ex-Nul nommé à la présidence de la chaîne en avril dernier. Le nom d’un remplaçant circule pourtant : il s’agirait de Guillaume de Vergès, directeur général adjoint et directeur des programmes de TF 1 depuis 1997. Ce quadra qui défend aussi bien « le Maillon faible » ou « Zone rouge » que « Jean Moulin », risque de faire grincer des dents à Canal.
Les abonnements. Forte de 4,4 millions d’abonnés, la chaîne en a perdu 70 000 en 2001. Les programmes cryptés (sport, films, documentaires) restent attrayants. Mais les tranches en clair, malgré la grille installée à la rentrée, se cherchent. « L’Hypershow » de Beigbeder a plafonné entre 2 et 3 % d’audience et Maurad, l’animateur de NRJ qui a pris la relève en décembre, ne dépasse pas 300 000 téléspectateurs.
Les droits du football. Avec le cinéma, le foot reste le pilier des programmes. Et c’est en position de force que Bertrand Méheut espère retrouver Patrick Le Lay, le patron de TF 1, qui possède 66 % du bouquet TPS, autour de la table des négociations sur les droits TV du Championnat de France pour la période 2004-2007. Un dossier qu’il avait traité jusque-là main dans la main avec Xavier Couture. Canal + tient le bon bout, même si TPS lui conteste la victoire devant le Conseil de la concurrence. Méheut et Le Lay, tous deux nés en Bretagne, pourraient s’entendre en parlant du pays…
Le personnel. Un plan social pourrait concerner 300 à 700 personnes sur les 3 200 salariés du groupe, s’inquiètent des sources syndicales. Les bases de la négociation sont à l’étude. « Mais nous n’accepterons aucun licenciement sec », prévient un représentant de la CFDT.
La restructuration. Vivendi Universal veut introduire le groupe Canal + en Bourse. L’idée, pour rendre la mariée présentable, serait de se recentrer sur la chaîne payante, Canalsatellite et Studiocanal.
Le PSG. Méheut va se retrouver de fait aux commandes. Un comble pour cet industriel peu concerné par le ballon rond même si, comme le révèle Luis Fernandez, « son fils joue à Boulogne-Billancourt ». Du côté de Canal +, on laisse entendre qu’il pourrait bientôt réactiver la vente du PSG, considéré comme un « actif non stratégique ». Mais là, comme à Canal +, personne ne sait de quoi demain sera fait…
source : www.leparisien.com