En Europe, le groupe Techpack, un des leaders mondiaux des emballages de luxe pour les cosmétiques et la parfumerie, produit des boîtiers de maquillage dans deux sites LIR France : Avallon dans l’Yonne et Provins en Seine-et-Marne, et dans un site italien, près de Milan, appartenant à la société Laffon.
Les résultats et les performances industriels de LIR France se sont fortement dégradés au cours des deux dernières années. La société a réalisé en 2002 un chiffre d’affaires de 35,4 millions d’euros, en diminution de 20 % par rapport à l’année précédente, tandis que sa marge opérationnelle, déjà négative en 2001 (- 1,4 million d’euros), passait à – 3,4 millions. De plus, les perspectives 2003 ne laissent pas augurer d’amélioration, d’autant que le contexte concurrentiel s’est fortement durci sous l’influence de nouvelles entreprises asiatiques, pénétrant le marché, précise la direction du groupe.
En conséquence, le groupe Techpack, qui a déjà réorganisé sa production de boîtiers en Amérique du Nord, l’an passé, poursuit sa stratégie industrielle, basée sur la spécialisation. Cette politique économique du groupe entraîne donc la concentration de la production de boîtiers en Europe, sur le site italien (la société Laffon bénéficiant d’une taille adaptée, d’un bon niveau d’automatisation et de la capacité de vernissage en ligne), la fermeture du site d’Avallon et le redimensionnement du site de Provins où l’une des usines ferme ses portes ; l’autre sera spécialisée sur une ligne de produits, dont elle sera le seul producteur de Techpack en Europe, les « déo-sticks ».
Ce projet de réorganisation entraînera des réductions d’emplois, 141 à Avallon, 130, sur 281, à Provins, et 10 au siège social de LIR France à Chevilly, en région parisienne. Il fera l’objet d’un plan social et de mesures d’accompagnement, prévoyant notamment des mesures de reclassement et de reconversion. Cette procédure devrait démarrer au 10 février.
Le groupe Techpack a réalisé en 2002 un chiffre d’affaires de 388 millions d’euros.
Le député : « En colère et déçu »
« Je suis en colère et déçu. C’est avec une grande émotion que j’ai appris la fermeture de LIR France d’Avallon et la délocalisation du site à l’étranger. Je pense avant tout aux salariés qui vont être licenciés et notamment les femmes. Avec le préfet, la sous-préfète, le président du conseil général, le maire, le conseiller général d’Avallon et la communauté de communes de l’Avallonnais, nous allons travailler ensemble pour trouver les meilleures solutions possibles pour toutes celles et tous ceux qui sont concernés. J’ai d’ailleurs informé madame le ministre de l’Industrie et le président de Pechiney de mon indignation face à cette fermeture. Face à cette décision qui semble irréversible, les moyens des pouvoirs publics sont limités, et j’espère que les dirigeants du groupe ont bien pesé tous les enjeux de leur décision et sont parfaitement conscients de toutes leurs responsabilités dans ce dossier. Cela fait deux fois, sur notre territoire, que les grands groupes nous lâchent. Cela confirme leur abandon de l’emploi en France. Cette délocalisation sauvage me conforte dans l’idée que nous devons tout faire pour favoriser l’implantation d’un réseau de petites et moyennes entreprises dont l’attachement à leur territoire soit le garant du développement économique local. »
LE MAIRE : « NOTRE PREOCCUPATION, C’EST L’AVENIR DES FAMILLES »
« Dans la ligne des annonces de licenciements en France, Avallon est touché à son tour. Le licenciement des 141 employés est catastrophique pour Avallon et plus largement pour l’Avallonnais », souligne Jean-Yves Caullet, maire d’Avallon. « Depuis six mois, une réflexion s’était engagée sur l’avenir de LIR France. Nous avons connu des hauts et des bas, entre les sites d’Avallon et de Provins. Nous avons mobilisé, avec la communauté de communes et la Chambre économique de l’Avallonnais, notre capacité à répondre sur un projet d’extension du site, comme cela nous était demandé. Malheureusement, aujourd’hui l’incertitude est levée. Malgré ce qui paraissait encore possible hier, la délocalisation est amorcée. Et Avallon ne peut pas lutter contre Milan. Nous ne pouvons pas corriger les choix d’orientation politique. Notre préoccupation, aujourd’hui c’est l’avenir des familles touchées par ces licenciements. Ensemble, Avallon, l’Etat, la région et le département, que j’ai déjà contactés, vont se mobiliser pour une cohérence de réactions au plan local, et obtenir la reprise du site par d’autres industriels de la plasturgie. Cette solution est la meilleure, d’autant qu’Avallon est un site de valeur, avec ses compétences, son bâtiment et son matériel. »
HENRI DE RAINCOURT ANNONCE LA MOBILISATION DES ENERGIES
« La nouvelle totalement inattendue de la fermeture brutale de l’entreprise LIR d’Avallon est proprement stupéfiante », estime Henri de Raincourt, sénateur de l’Yonne, président du conseil général.
« Ma pensée va vers les salariés et les familles qui se trouvent privés d’emplois. En liaison avec les services du conseil général, les élus locaux et les responsables de cette entreprise, le conseil général va mobiliser toute son énergie, afin d’aider les salariés dans cette très pénible période de recherche de nouvelles activités. Si, sur la logique économique pèse la contrainte de la compétitivité, elle ne saurait s’imposer sans discernement et sans être tendue vers la réalité fondamentale : la société est faite pour l’homme et non l’inverse. »
« NOUS ALLONS PRIVILEGIER LE DIALOGUE »
Joints hier par téléphone entre deux réunions, les représentants du personnel de la société LIR France étaient encore sous le coup de l’annonce de la fermeture. « LIR France va fermer, c’est prévu. Nous allons attendre les mesures de reclassement qui seront annoncées vendredi 7 février. » Y aura-t-il des mouvements au sein de l’entreprise ? « Nous allons privilégier le dialogue avant tout. »