Mais le programme NSEJ s’en distingue, d’une part par l’ampleur du financement (25 milliards de francs par an), et d’autre part, par la qualité des emplois offerts. Les TUC avaient le statut de stagiaires de la formation professionnelle et non de salariés, et étaient rémunérés à des niveaux avoisinant le tiers du Smic. Les CES et CEC octroient certes à leurs bénéficiaires un contrat de travail, mais ils sont rémunérés sur la base du Smic, et ne représentent pas des emplois à temps plein. En revanche, les 80 000 postes emplois jeunes crées dans les associations l’ont été à un niveau supérieur au Smic. Bien sûr, ce niveau de rémunération vient sanctionner le fait que les emplois-jeunes sont diplômés, puisque 52% d’entre eux ont un niveau égal ou supérieur à bac+2 et 35% sont titulaires d’un bac. Mais, par ailleurs, une embauche sur deux dans les associations était en CDI (contrat à durée indéterminée), dont 97% à plein temps.
Le rôle structurant de l’emploi
De plus, avant d’entrer dans le programme NSEJ, sept jeunes sur dix étaient à la recherche d’un emploi, ce qui montre l’existence d’une réelle demande d’aide à l’embauche. L’aide à l’emploi des jeunes répond à un objectif précis, d’ordre social, lié au rôle structurant du travail dans la jeunesse. Et le dispositif NSEJ a ainsi évité que les débuts dans la vie active d’une génération soient marqués par l’expérience du chômage et de l’exclusion.
Par ailleurs, le programme se différencie des aides qui l’ont précédé, car il ne s’adresse pas uniquement à des jeunes ayant des difficultés d’insertion. En cela, il ne correspond pas à une mesure d’insertion des jeunes au sens strict, puisque l’aide de l’Etat n’est pas attribuée selon les caractéristiques des bénéficiaires, comme c’est le cas des TUC et des CES, mais est conditionnée par des objectifs de création d’activités.
Il s’agit en effet, dit la loi, d' »encourager la création de nouveaux services en direction de publics et de territoires qui n’en bénéficient pas » et de « permettre à des services innovants de faire leurs preuves et de monter des partenariats durables qui assureront leur pérennité au-delà de l’aide initiale de l’Etat. »
Des services utiles
Les responsables de l’instruction des dossiers emplois-jeunes partagent l’opinion que de nombreux projets présentés par les associations ne correspondent pas, comme le prévoyait la loi, à des métiers nouveaux. Ainsi, en 1998, d’après la DARES (Direction de l’animation de la recherche des études et des statistiques), moins de la moitié des postes créés correspondent véritablement à l’idée de « métiers de demain ». Cependant, d’après les responsables de l’instruction et différentes analyses sectorielles, même si ces métiers ne sont pas nouveaux, les activités promues correspondent aux aspirations de la population : accès aux nouvelles technologies, meilleure maîtrise de l’environnement, aide aux personnes âgées ou handicapées, etc. Dans les associations, il s’agit souvent des premiers emplois créés et donc d’un pas fait par ce secteur vers la professionnalisation de ses activités. En même temps, 84% des jeunes employés par les associations estiment que leur travail rend un service qui n’existait pas auparavant. Pourtant, selon un bilan gouvernemental, 30 à 40% des projets associatifs qui ont bénéficié du dispositif NSEJ ne pourront se pérenniser sans l’aide de l’Etat. On peut donc s’interroger sur les conséquences d’une interruption de l’aide de l’Etat, comme le prévoit le gouvernement Raffarin, d’une part pour les associations, d’autre part pour les jeunes.