Free Telecom a bloqué mardi matin l’un des points d’interconnexion de son réseau avec celui de France Télécom. Résultat: les abonnés de Wanadoo, filiale internet de l’opérateur historique, peuvent difficilement, voire plus du tout, accéder aux services de messagerie ou aux sites hébergés par la filiale du groupe Iliad/Proxad.
Selon nos sources, le point d’interconnexion en question (ou point de peering selon le jargon des opérateurs) est situé à Paris. Depuis plusieurs semaines déjà, il arrivait à saturation entraînant pour les abonnés Wanadoo des connexions de plus en plus lentes. Conséquence, les serveurs de Free étaient « monopolisés » par les abonnés en question du fait de la lenteur de leur connexion.
Free a donc préféré couper le lien d’échange entre Wanadoo et son réseau afin de protéger son infrastructure. Selon nos informations, il ne s’agirait que d’une coupure momentanée. Contacté par ZDNet, l’opérateur s’est refusé à tout commentaire sur le sujet. Mais les faits, largement discutés sur les forums spécialisés, sont confirmés par un partenaire de Free, à savoir l’hébergeur français pour entreprise OVH.
«Nous utilisons le réseau de Free pour la consultation de nos 80000 sites», explique à ZDNet Octave Klaba, directeur technique d’OVH. «Il y a effectivement une saturation du lien entre le réseau de Free et celui de France Télécom. Ce lien a été mis à jour du côté de Free mais pas de l’opérateur historique. Le 1 gigabit par seconde de bande passante actuel ne suffit plus. Il faudrait le double», poursuit le responsable.
Litige commercial entre Free et France Télécom
Free n’est pas facturé pour ce point d’interconnexion avec France Télécom. Or, l’opérateur historique voudrait désormais faire payer ce service. «France Télécom refuse de faire la mise à jour du lien dans les mêmes conditions d’utilisation qu’aujourd’hui», révèle ainsi Klaba.
«Le prétexte: le lien passe physiquement par le point de peering PariX (point d’interconnexion parisien entre le réseau de France Télécom et celui d’autres opérateurs, Ndlr). Free n’a jamais demandé à être membre de PariX. C’est pourquoi France Télécom a connecté Free sur Parix gratuitement. Chose qu’aujourd’hui France Télécom veut remettre en cause.»
France Télécom a organisé une conférence téléphonique mardi en fin de journée pour s’expliquer. L’opérateur a annoncé s’être mis d’accord avec Free pour monter la bande passante à 2,5 Gbits/s et rétablir le trafic d’ici à demain soir. Il s’agit d’une mesure d’urgence, puisque les deux protagonistes vont poursuivre leurs tractations. De son côté Free s’est engagé à réouvrir ses serveurs dans le même délai.