COMITE D'ENTREPRISE

Routiers : les petits patrons claquent la porte

Les négociations de la dernière chance entre syndicats et patrons du transport routier ont repris cet après-midi vers 15h dans un climat tendu par la menace de blocus à partir de demain soir. Et c’est plutôt mal parti. Une heure après le début des discussions, l’une des trois fédérations patronales de transporteurs, l’Unostra (petits patrons), a en effet quitté la table des négociations, arguant que son organisation « ne peut s’engager sur une augmentation des salaires sur trois ans compte-tenu du manque de visibilité du secteur ».

Résultat : le Premier ministre est intervenu dans la mêlée. Jean-Pierre Raffarin a en effet indiqué que son gouvernement était « prêt à aider les uns et les autres » et souhaité « surtout qu’il n’y ait pas de blocage généralisé ». « Je sais qu’il y a là des difficultés », a expliqué le locataire de Matignon, en soulignant les « difficiles conditions de revenus et de travail » des chauffeurs routiers mais aussi les « difficiles comptes d’exploitation » des entreprises de transport.

Les syndicats pessimistes

Auparavant, à leur arrivée à l’annexe du ministère des Transports, à la Défense, les représentants syndicaux étaient plutôt pessimistes . « Je ne pense pas qu’on aura un accord aujourd’hui, la logique de mobilisation est en cours et on ne l’arrêtera pas comme ça » a lancé  Joël Le Coq (CFDT). « Nous avons mobilisé nos mandants pour mettre la pression. On a un peu l’impression que les patrons prennent les salariés en otage en vue d’obtenir des aides gouvernementales »  a poursuivi Christian Mansano (CGT). « Ce soir nous devons sortir avec des propositions définitives. Si ça n’est pas le cas, nous appellerons les militants FO à se mobiliser » a ajouté Gérard Appruzzese, le délégué Force ouvrière.

« Tout est encore possible »

De son côté, le ministre des Transports, dans un entretien au Monde, daté de dimanche, se voulait optimiste. « Je veux croire que tout est encore possible. J’ai la conviction que la négociation peut encore s’améliorer et les positions des uns et des autres se rapprocher », déclare  Gilles de Robien qui souligne que le gouvernement n’est pas un « médiateur » entre les patrons et les syndicats de routiers mais un « facilitateur ». « Il est vrai que plusieurs ministères peuvent mettre de l’huile dans les rouages », consent-il, faisant allusion aux déclarations de son secrétaire d’Etat et, surtout, du ministère de l’Intérieur.

Dans un entretien à la Tribune vendredi, Dominique Bussereau a en effet affirmé que « le gouvernement n’accepterait pas un blocage des routes » et qu’il prendrait ses responsabilités, estimant que « l’opinion est derrière (lui) ». L’Etat paraît d’ailleurs préparé. Un « ensemble de moyens humains, matériels et juridiques » pour parer à d’éventuels barrages ont été prévus, a-t-on indiqué vendredi au ministère de l’Intérieur.

Le recours à l’armée

Des escadrons de gendarmerie mobile, des compagnies de CRS, dont le nombre n’a pas été précisé, ont été mis en alerte et devraient, « le cas échéant », recevoir le renfort de l’armée. » Principalement, « tout sera fait pour préserver l’approvisionnement en carburants », que ce soit l’essence pour les transports ou le gasoil pour le chauffage.

Vendredi, les syndicalistes de routiers semblaient pourtant vouloir privilégier le dialogue. Mais les choses avaient mal tourné dans la matinée : le patronat aurait proposé une augmentation de 9,3% sur trois ans, au lieu des 9% proposés mercredi. « Ca commence très mal, car le patronat est resté sur les mêmes chiffres que ceux proposés mercredi », avait affirmé Jérôme Vérité de l’UFR-CFDT. « On ne peut pas accepter que les plus bas salaires ne soient rattrapés par le SMIC que d’ici 2005 ».

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