COMITE D'ENTREPRISE

Les producteurs de bananes ne s'en sortent pas

Ce « négropolitain », comme il se définit (comprendre un Martiniquais noir né en métropole), féru d’horticulture et diplômé de sociologie, estime qu’il n’a pas eu le choix : « 70 % des bananeraies sont détenues par la vingtaine de békés (NDLR : les Blancs implantés en Martinique depuis la période coloniale) qui travaillent dans ce secteur, et le prix de leurs terrains est prohibitif. Je me suis donc rabattu sur cette propriété que j’ai rachetée à un créole. Difficile d’accès, mais nettement moins chère. »

« Je vends à perte »

Christian n’est pas épargné par la crise qui frappe l’ensemble des producteurs de bananes de l’île : « Jusqu’en 1999, le kilo de bananes s’échangeait entre 5 et 7 F. A l’heure actuelle, il vaut entre 1,50 et 2,50 F. Impossible de s’en sortir puisque mes coûts de production sont de l’ordre de 3,80 F. A l’heure actuelle, je vends à perte. » Même l’aide compensatoire de 2,80 F versée aux producteurs par l’Etat ne suffit pas à combler les pertes…

Cette chute vertigineuse des cours est due à une concurrence mondiale de plus en plus exacerbée. « Les grands groupes Américains comme Del Monte ont des exploitations en Amérique du Sud ou en Afrique. La main-d’oeuvre ne leur coûte presque rien, et ils peuvent produire pour beaucoup moins cher », constate Christian Déchi. Autre problème de taille pour les producteurs : les quotas. Impossible pour la Martinique d’exporter plus de 210 000 t de bananes par an. « Résultat : on est en surproduction, puisqu’on en produit 280 000 t… », soupire Christian, qui fait le dos rond : « Certains producteurs versent les salaires avec un mois de retard, d’autres payent leurs salariés le 15 du mois. Moi je verse l’intégralité des salaires nets de mes 35 salariés, mais je paye mes fournisseurs avec deux ou trois mois de retard, et je n’acquitte plus mes charges sociales. Heureusement, j’ai obtenu un échéancier des Assedic et de l’Urssaf. » Pour l’heure, il n’a procédé à aucun licenciement. Il envisage néanmoins d’avoir recours au chômage technique dans les mois qui viennent… Il a par ailleurs gelé tous ses investissements.

La bananeraie fonctionne donc au ralenti. Certaines tâches sont effectuées avec retard. Ces délais nuisent à la productivité de l’exploitation. Pourtant, pas question pour Christian Déchi de céder au défaitisme. « Dès l’année prochaine, je me diversifie : je vais faire de l’élevage et de la goyave. »
source : www.leparisien.com

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