Jean-Charles Corbet, le PDG de la compagnie, a donc arraché, à moitié par des concessions, à moitié par le chantage au plan social, un sursis pour son groupe. Dans la journée, confirmant les informations révélées par La Tribune, il avait dévoilé l’identité du nouveau partenaire de son groupe : il s’agit du conglomérat néerlandais Imca, dirigé par Erik De Vlieger, qui avait fait pour l’occasion le déplacement de Paris.
« Erik de Vlieger est à la tête d’un groupe familial, il souhaite développer ses activités aériennes et porte un intérêt particulier à la réussite d’Air Lib Express », l’enseigne à bas prix d’Air Lib, a expliqué la direction de la compagnie dans un communiqué. Mais l’homme d’affaires ne délaisse pas pour autant le reste des activités et entend « étudier le dossier Air Lib dans son ensemble, incluant également l’activité long courrier ».
Présent notamment dans l’industrie textile et l’immobilier, réalisant un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros, Imca n’est pas un nouveau venu sur le marché du transport aérien : il possède sa propre compagnie, Flymetropolis, et a racheté il y a deux ans Air Exel, une filiale régionale de KLM. Il exploite ainsi, avec 27 appareils, sous franchise KLM, une dizaine de lignes nationales et européennes.
Erik De Vlieger et Jean-Charles Corbet ont désormais un objectif commun : créer la troisième compagnie « low cost » (à bas coûts) européenne, derrière EasyJet et RyanAir. La réalisation de cet objectif passerait selon l’homme d’affaires néerlandais par une rénovation de la flotte de l’ex-Air Liberté, donc par des investissements importants. Lui-même serait prêt à investir 30 à 50 millions d’euros dans l’aventure.
La stratégie d’Imca pourrait aussi aboutir à une séparation d’Air Lib et d’Air Lib Express. « Cela devra être discuté durant les trois prochains mois », a souligné son patron dans un entretien à l’AFP. En fait deux mois et demi, a tranché le gouvernement. D’ici-là, les dirigeants du groupe et ceux d’Imca devront apporter des réponses aux nombreuses questions qui restent en suspens. Qui est l’investisseur – français – avec lequel Jean-Charles Corbet assure négocier la reprise des activités long courrier ? Quid du plan social évoqué la semaine dernière par le PDG, et qui supprimerait quelque 500 emplois sur 3.200, principalement aux Antilles ? Air Lib pourra-t-il rembourser les 90 millions d’euros de dettes accumulées auprès de divers organismes publics ?
Sur ce dernier point, Erik De Vlieger l’a laissé clairement entendre : il ne vient pas pour rembourser les dettes contractées auprès de l’Etat. Le groupe réclamerait ainsi aux pouvoirs publics « le report de l’éligibilité du remboursement du prêt octroyé par l’Etat » d’un montant de 30,5 millions, que la compagnie aurait dû rembourser la semaine dernière, a expliqué à l’AFP le délégué CFDT Gilles Nicoli.
source : www.latribune.fr