Redoutant une dégradation générale du climat dans les DOM, Patrick Ollier, le président (UMP) de la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, a mis en garde, hier, contre un climat social qui risque de devenir «extrêmement grave» et appelé les Antillais «à se ressaisir» : «Aujourd’hui il y a une agitation qui est conduite par des partis politiques ou des syndicats [qui] sont minoritaires, mais, malheureusement, tellement actifs qu’ils dominent le climat social. Et le problème, c’est que la dégradation qui est conduite par ces attitudes-là ne peut avoir que des effets pervers et devenir extrêmement grave pour l’avenir des Antilles.» A l’inverse, plusieurs responsables domiens ont vivement réagi, hier, aux propos du PDG d’Accor. Claude Cayol, président de l’Agence régionale pour le développement du tourisme en Martinique, a ainsi fustigé des «propos inadmissibles» : «Ils ont mangé depuis des années en Martinique et ils s’en vont en cassant l’assiette», a-t-il déclaré.
«Plan d’urgence». Joint par Libération, Léon Bertrand, le secrétaire d’Etat au Tourisme, qui ne désespère pas de faire revenir Accor sur sa décision, tentait hier de calmer les esprits : «Les Antilles ne sont pas à feu et à sang, a-t-il affirmé. Toutefois, l’annonce d’Accor ne me surprend pas. Nous sommes au courant des problèmes. Nous avons d’ailleurs lancé (en septembre, ndlr) un plan d’urgence de relance du tourisme outre-mer. Nous avons prévu des mesures pour les employeurs (défiscalisations et exonérations de charges), même si nous savons que nous serons de toute façon plus chers qu’à Cuba ou en République dominicaine. C’est pourquoi nous devons aussi moderniser les produits touristiques et développer la formation.» Mais le secrétaire d’Etat juge également capital d’aboutir à un «apaisement du climat social», dont la dégradation est liée en grande partie, selon lui, à la position des syndicats locaux : «Il y a des crises partout, mais il y a des endroits où les syndicats sont plus virulents. Dans les DOM, les syndicats indépendantistes coupent l’eau ou l’électricité, sans se soucier de l’ordre public.»
«Malaise». Léon Bertrand déplore enfin la contagion du discours des organisations, sous la forme d’une défiance croissante vis-à-vis de la métropole ou des Européens : «Le discours très virulent des indépendantistes a ouvert des brèches dans l’esprit des Antillais. Et certains croient désormais que le fait de servir des clients européens revient à reproduire des images du temps de l’esclavage. Même si tous les Antillais ne raisonnent pas comme cela, disons qu’il existe un malaise, qui dépasse le tourisme.»
La dépendance des DOM vis-à-vis du tourisme est d’autant plus forte que le deuxième pilier de l’économie locale, la production de bananes, est en crise, et dépend fortement des subventions allouées par Bruxelles.
source : www.liberation.fr