Jean-Pierre Raffarin et François Fillon, son ministre des Affaires sociales, avancent donc leurs propositions avec prudence. Mais pour des raisons démographiques et financières évidentes, le gouvernement est aujourd’hui forcé d’agir. Si la droite a officiellement renoncé pour l’instant à la création de fonds de pension, et sans doute à l’instillation d’une dose de capitalisation dans le régime actuel, elle n’exclut pas, pour autant, une refonte en profondeur du système de répartition. Un système fondé sur la solidarité – les cotisations des actifs servant à financer la pension des retraités – mais qui risque demain d’exploser lorsqu’un tiers des Français aura plus de 60 ans.
Alors que faire ? Allonger la période de cotisations des fonctionnaires afin de réduire les inégalités entre le public et le privé ? Diminuer le niveau des pensions ? Supprimer les régimes spéciaux ? Sur toutes ces hypothèses, le gouvernement entretient volontairement le flou, tout en laissant entendre qu’il faudra poser les bases d’un nouveau pacte social.
Le Premier ministre en est conscient : le dossier est explosif. S’il trouve un compromis avec les partenaires sociaux, il fera oublier à la droite les grandes manifestations de 1995 provoquées par le plan Juppé. S’il échoue, l’exercice du pouvoir pourrait se révéler beaucoup plus délicat.