COMITE D'ENTREPRISE

Les salariés de Bata devront acheter ou partir

 On essaie de refiler à des salariés licenciés un patrimoine non entretenu », résume Alain Marty, maire de Sarrebourg et député UMP de la circonscription. 158 logements répartis en 75 bâtiments, ainsi que 81 garages doivent sortir du patrimoine de l’entreprise en redressement judiciaire. Dans les années trente, la famille Bata bâtit autour de son usine une cité exemplaire. « C’était la première piscine de la région », se souvient Michel, 68 ans, dont quarante-cinq passés dans les ateliers de l’usine de chaussures. L’industriel voulait ses ouvriers tout près de l’outil de production. Il a construit les maisons, les routes, l’église, le gymnase, il finançait le basket, l’équipe de foot. II faisait travailler les parents et promettait un avenir aux enfants.
On n’a pas les moyens « Moi ça va, je suis solide. Mais à la fermeture, on en a ramassé quelques-uns à la petite cuillère », explique Bernard Pernod, 53 ans, qui voit arriver sans l’ombre d’un projet la fin de sa période de reconversion. Le courrier du notaire prend la poussière sur la commode du salon. Mireille préfère l’ignorer : « De toute façon, on n’a pas les moyens d’acheter à ce prix. » Mireille et Gilbert ont élevé cinq enfants dans les cent mètres carrés, fruit de la fusion entre deux logements, pour un loyer de 120 . Selon le calcul du notaire, ils devront débourser 25 000 « sans les travaux ». Un peu en retrait, Linda, 18 ans, hausse les épaules : « Moi, c’est certain, je ne resterai pas ici, mais mes parents n’ont connu que la cité, ils ne pourront pas partir. » « Les gens sont tellement enracinés qu’ils se sentent dans l’obligation d’acheter », confirme Bernard Pernod, parti en guerre contre les tarifs annoncés. Il égrène les failles des constructions : « Des toits plats inadaptés au climat, de l’humidité plein les murs, l’électricité pas conforme, le chauffage à refaire… » Un organisme d’Etat a évalué entre 30 500 et 54 000 les travaux à réaliser par logement. La proposition du notaire est restée lettre morte. Trois familles seulement ont répondu.

source: www.leparisien.com

Quitter la version mobile