La majorité d’entre eux sont adhérents. Ils saluent Pascal et Bruno d’un simple regard ou d’une poignée de main. Le délégué syndical est absent, qu’à cela ne tienne, Lysian s’arrête auprès des machines et prend quelques nouvelles. Le patron, Roland Bestel, dit le respecter comme un « partenaire à part entière ». Et pourtant, Il y a un presque un an, cet entrepreneur, qui a su placer sa PME sur un marché innovant et porteur, avait une idée beaucoup plus unilatérale du dialogue social. Cette conception d’un autre temps lui a valu, en décembre 2001, 33 jours de grève. Motif : la suppression d’une prime de fin d’année et des vues divergentes sur l’organisation du temps de travail. M. Bestel, de son côté, était certain du bien-fondé de ses décisions et ne voyait guère motif à en discuter. Résultat, alors que dehors il gelait à pierre fendre, les salariés n’étaient pas prêts à lever le piquet de grève. La situation menaçait de se bloquer lorsque l’équipe CFDT s’en est mêlée.
« Quels qu’ils soient, les patrons de PME ont toujours du mal à accepter l’arrivée du syndicalisme sur ce qu’ils considèrent comme leur territoire, expliquent les négociateurs. Avant ce conflit, nous avions déjà nommé délégué syndical un salarié venu nous voir pour nous parler de quelques problèmes dans cette boîte. Le patron n’avait pas vraiment apprécié. Et puis, en décembre, à nouveau, il ne voulait rien savoir et s’était flanqué d’une avocate. Sans leur promettre de gagner sur tous les tableaux, nous avons proposé au délégué syndical et aux salariés de reprendre la négociation depuis le début. On a réglé le conflit entre patron et syndicat en se passant de son avocate. En quelques jours, on a signé le protocole d’accord. Maintenant, le patron reconnaît sans problème les vertus du syndicalisme et du dialogue social. » Et les salariés, celles du syndicalisme d’adhérents.