« Il faut purement et simplement l’abroger » Jean-Bernard Thonus, le premier adjoint au maire de la ville, qui a longtemps mené la résistance contre la loi Gayssot, estime qu’« il faut purement et simplement l’abroger. Car on oublie trop souvent un autre volet de cette loi : à court terme, elle impose aux communes de modifier leur POS (plan d’occupation des sols) et supprime l’autonomie des villes en la matière. Or à Saint-Maur, notre POS prévoit que 85 % du territoire de la ville est interdit aux immeubles collectifs ! Même si on ne paie plus d’amendes, cela veut dire que l’urbanisme de la ville va être profondément modifié, en parfaite contradiction avec la politique que nous menons depuis des années. » Henri Plagnol assure pourtant que, dans un deuxième temps, l’action du gouvernement consistera à redonner leur autonomie aux municipalités. « Il faut se méfier des « ya ka ». La loi Gayssot est complexe et s’enchevêtre avec d’autres textes qu’il va falloir harmoniser. Et puis, des projets ont été lancés et on ne peut pas tout effacer d’un revers de main. Mais, à moyen terme, il s’agit de rendre la maîtrise des choix d’urbanisme aux élus locaux. » En clair, revenir aussi sur l’un des aspects essentiels de la loi Gayssot. Une remise en cause qui n’est pas, mais alors pas du tout, du goût de la gauche. « Revenir sur ce texte, c’est vraiment mesquin, lâche René Rouquet, le député-maire (PS) d’Alfortville, qui compte plus de 50 % de logements sociaux. Cette loi allait dans le bon sens, celui du partage de l’intégration des populations modestes et parfois difficiles. D’ailleurs, elle n’allait pas assez loin : les préfets auraient dû avoir les moyens de tomber sur le dos des mairies récalcitrantes autrement que par le biais de simples amendes. Comment veut-on créer de la mixité sociale ? Il faut jouer sur tous les leviers : favoriser l’accession à la propriété dans les quartier dits difficiles mais aussi contraindre ceux qui refusent le logement social. A Alfortville, c’est en train de marcher », se félicite Rouquet. Plagnol assure pourtant qu’« il n’est pas question de remettre en cause la mixité sociale. Il ne faut pas imposer de HLM là où il n’y en a pas, mais introduire de la propriété dans les cités difficiles. Et éviter qu’elles ne se transforment en ghettos. » Pas sûr que les élus qui se débattent avec des quartiers en difficulté dont les habitants cherchent à fuir adhèrent à sa théorie.
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