Comblé depuis 1999, le trou de la Sécu pourrait bien ne pas le rester longtemps. C’est en tous cas la vision pessimiste que développent les sages de la Cour des comptes dans leur rapport annuel publié aujourd’hui. Si la Sécurité sociale a engrangé un excédent en 2001, elle pourrait bien à l’inverse terminer 2002 dans le rouge. Certaines prévisions font état d’un déficit qui pourrait atteindre les 2,5 milliards d’euros à la fin de cette année. En janvier, le gouvernement avait tablé sur un excédent de 600 millions d’euros.
Le solde positif dégagé en 2001 est jugé « fragile » par les magistrats de la Cour des comptes. Ces derniers ne cachent pas leur pessimisme en notant dans leur rapport la dégradation des mécanismes de régulation des dépenses de santé. Cette détérioration est le fruit de la moindre activité économique en France ces derniers mois. Le marché de l’emploi, qui a commencé à se retourner à la fin du printemps 2001, est actuellement en butte à une montée du chômage. Ce phénomène se traduit dans les comptes de la Sécu par des recettes moindres alors même que certaines dépenses, au premier rang desquelles celles de santé, ne cessent d’augmenter.
A cet égard, les chiffres des dépenses d’assurance maladie publiés aujourd’hui pour le mois d’août sont éloquents. Ils montrent une progression sur un an de 6,7% avec un montant cumulé sur huit mois de 62,2 milliards d’euros. Les dépenses d’assurance maladie ont particulièrement augmenté du fait de la satisfaction des revendications des médecins, notamment chez les généralistes. Les magistrats déplorent l’inefficacité des moyens de régulation. Selon eux, « en dépit de quelques mesures structurelles qui n’ont pas commencé à porter vraiment leurs fruits (formation des médecins, médicaments génériques…), les outils d’une maîtrise réaliste des soins de ville restent à construire ».
Et pour l’avenir, la Cour des comptes se montre très préoccupée. « Le ralentissement de la croissance économique, le renversement de la courbe démographique et l’accélération attendue de la croissance des dépenses de retraites, la croissance persistante des dépenses de santé, sont autant de facteurs qui laissent présager des difficultés accrues dans le maintien de l’équilibre des comptes sociaux », soulignent les sages dans leur conclusion.
source: www.latribune.fr