LES DEUX dernières commandes viennent d’être honorées. Le double câble transatlantique baptisé Apollo et le câble de 1 000 km destiné à relier deux îles des Philippines ont été terminés fin août. Aujourd’hui, les 630 salariés de l’unité calaisienne d’Alcatel submarine networks sont face à un carnet de commandes exsangue. Plus rien à faire, ou presque. « On est dans un creux énorme, confirme le secrétaire du comité d’entreprise. C’est vraiment la catastrophe ».
Le groupe vient donc de se tourner une nouvelle fois vers la direction départementale du travail afin d’obtenir l’autorisation d’appliquer des mesures de chômage partiel sur les trois derniers mois de l’année. En clair, près de 500 des 630 salariés d’Alcatel submarine networks ne travailleront que 50% du temps en octobre, novembre et décembre (avec une perte de salaire qui devrait être limitée à 20%). Cette décision intervient alors qu’Alcatel câbles (qui emploie 180 personnes à Calais pour la fabrication de câbles terrestres) vient d’avoir le feu vert de la DDT pour fermer ses portes pendant dix jours, du 13 au 23 septembre, et ce pour les mêmes raisons (La Voix du Nord de vendredi).
Dire qu’Alcatel souffre de la crise mondiale qui frappe le secteur des télécommunications relève du doux euphémisme. Faute de commandes et affaibli par une action boursière qui a perdu les trois quarts de sa valeur depuis le début de l’année, le groupe a récemment annoncé 10 000 supressions d’emplois en France et à l’étranger et multiplie les mesures de chômage partiel dans toutes ses filiales. Vu le marasme ambiant, les salariés calaisiens craignent que ces mesures soient insuffisantes pour amortir le choc. « Pour l’instant, c’est un moindre mal. Ça évite de mettre des gens dehors », explique ainsi Jean-Paul Lovergne. Mais le secrétaire du comité d’entreprise n’est guère optimiste : « on n’annonce pas de reprise du marché avant 2004. Et s’il faut chercher du travail dans la région, on sait très bien que ce sera très difficile ».
Départs encouragés
A la direction parisienne du groupe, on explique que l’entreprise fait de son mieux pour éviter le pire. On se souvient que l’année dernière, Alcatel submarine networks avait proposé à ses salariés d’aller travailler quelques temps dans son usine de Douvrin, moyennant une compensation de salaire et un transport gratuit. Près de 80 d’entre eux avaient accepté avant de revenir à Calais en février 2002, l’usine de Douvrin étant également frappée de sous-activité.
Depuis un an, les effectifs ont pourtant fondu, passant de 882 personnes, en octobre 2001, à 630 aujourd’hui. « Nous avons d’abord arrêté de recruter en externe, puis nous avons arrêté d’employer des intérimaires, aidé les salariés qui voulaient prendre une retraite anticipée et ceux qui avaient un projet personnel », explique-t-on chez Alcatel. Il reste maintenant à espèrer que l’activité reprendra plus vite que ne le prédisent les experts, sinon…
source : www.lavoixdunord.fr