COMITE D'ENTREPRISE

FUTUROSCOPE – Le sombre avenir

Demain, à Poitiers, le comité d’entreprise du parc Futuroscope se réunira à nouveau pour examiner les conditions d’une cession de l’exploitation le 31 octobre à un nouveau partenaire, plan qui sera soumis lundi 9 septembre au Conseil général de la Vienne.

150 emplois menacés. Pour les 640 salariés permanents, il y a au moins une consolation, aucun plan social n’est envisagé par le groupe Amaury, actuel gestionnaire du parc, jusqu’à la date du 31 octobre. A cette date, ce sera une Société d’économie mixte (SEM) où le Conseil général, présidé par René Monory, sera majoritaire, qui rachètera le parc pour une somme de 18,5 millions d’euros (il avait été vendu pour 42 millions d’euros en mars 2000).
Les autres actionnaires devraient être le Conseil régional de Poitou-Charentes, présidé par Elisabeth Morin, successeur de Jean-Pierre Raffarin, ainsi que la Caisse des dépôts et consignations (CDC), institution financière étatique que le premier ministre a certainement sollicitée de façon pressante. Le groupe Amaury aurait promis de conserver une participation symbolique dans le tour de table.
Si Amaury ne prévoit pas de licenciement, il n’en sera pas forcément de même avec la SEM qui doit être constituée, puisque René Monory aurait avancé le chiffre de 150 suppressions d’emplois, dont 35 personnes en provenance de l’équipe Amaury.
Par ailleurs, les syndicats du Futuroscope s’inquiètent également des 211 salariés dont les emplois ont été « externalisés » en avril dernier auprès de la société Endekia, filiale commune d’EDF et Vivendi, et qui étaient chargés de la maintenance et du nettoiement. Les quelque 400 contrats à durée déterminée signés pour la saison d’été ne seront évidemment pas renouvelés à court terme.

Pertes de 18 ME. En effet, la situation est grave, puisque le parc cédé à Amaury, après avoir perdu 300 000 entrées en 2001, serait en passe d’en perdre 600 000 cette année. Au point de vue financier, les pertes ont été de 8 millions d’euros en 2000, 9 millions d’euros en 2001 et atteindraient 18 millions d’euros en 2002.
On comprend la hâte du groupe Amaury, qui n’a jamais réussi à redresser la barre d’une fréquentation déclinante depuis le record de l’année 1995, quand le parc avait accueilli 2 900 000 visiteurs.
René Monory, dont le Futuroscope était la fierté, se montre aujourd’hui plutôt amer : « Il y a encore des choses formidables à faire. On est passé un peu à côté depuis deux ans », déclarait-il la semaine dernière. Mais il savait très bien qu’en cédant le Futuroscope en 2000, il passait la main à un moment où il aurait fallu réinvestir massivement pour relancer un parc qui avait déjà perdu beaucoup de son attractivité. Amaury avait sans doute été surestimé dans ce rôle et ce sont, une fois de plus, les fonds publics qui seront appelés à la rescousse.
S’il est sûr qu’on ne fermera pas le Futuroscope, dispositif capital pour le tourisme en Poitou-Charentes, d’autant plus que les dirigeants politiques s’y sont trop engagés pour l’abandonner en chemin, il va falloir réfléchir très fort au moyen d’y ramener des visiteurs.

Loisirs ou vulgarisation. Entre les parcs d’attraction purs du style Disney ou Walibi, qui se consacrent uniquement au divertissement et ceux qui s’attachent à la découverte de la nature ou des sciences et techniques, comme la Cité de l’espace à Toulouse ou l’Aquarium de La Rochelle, le Futuroscope n’avait jamais tranché. Son nom même, pour un établissement approchant les vingt ans d’âge devient ambigu.
Les consultants chargés de réfléchir à une nouvelle jeunesse du site par la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne ont du pain sur la planche.
Parmi eux, Dominique Hummel, ancien directeur général des services du Conseil général et candidat malheureux aux législatives contre Philippe Clayes (PS) dans la Vienne, ainsi que Dominque Clément, directeur du Comité régional du tourisme, sont tous deux des proches de Jean-Pierre Raffarin. L’un manager rigoureux, l’autre communicateur talentueux, ils forment une équipe complémentaire et solide. Bien que les moyens ne doivent pas leur être comptés, Jean-Pierre Raffarin étant maintenant en première ligne, il leur faudra cependant beaucoup d’imagination.

source : www.sudouest.com

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