Quand on vient en vacances à la Réunion, c’est d’abord pour se dorer la pilule sur les plages ou crapahuter dans les montagnes. Les rues de Saint-Denis, aussi intéressantes historiquement soient- elles, ne représentent donc pas pour le touriste lambda la priorité des priorités en termes de visite. Voilà peut-être pourquoi ils ont boudé cet hiver les hôtels du Nord qui déplorent un taux de fréquentation moindre par rapport aux années précédentes. Les trois derniers mois ont été assez creux, confirme un responsable de l’hôtel Austral.
UNE CONJONCTURE TRéS MéDIOCRE
En moyenne, les touristes ne passent qu’une nuit dans le chef-lieu. Quant à la clientèle d’affaires, elle s’est aussi faite moins nombreuse. Le taux de fréquentation des clients d’affaires est plus faible que les deux dernières années qui se caractérisaient principalement par la préparation à l’euro et à l’an 2000. Même constat au Saint-Denis où le directeur, Michel Olivier, déplore un manque de touristes dans le Nord par rapport à la fréquentation des Hauts et de l’Ouest. On aimerait pouvoir développer la clientèle touristique à Saint-Denis, cela manque
La clientèle d’affaires est chez nous assez stable par rapport aux autres années, mais elle se fait naturellement moins présente en cette période de vacances.
Cette tendance à la baisse se retrouve, selon les analyses du Comité du tourisme de la Réunion (CTR), sur l’ensemble de l’île, victime d’une conjoncture très médiocre qui n’est pas sans inquiétude pour la suite de l’année 2002. Nous n’avons pas atteint les chiffres de l’année dernière, confirme Jacquet Hoarau, président du CTR. Les aéroports ont enregistré une baisse de 3,8 % des arrivées et le taux d’occupation des hôtels du Club de la grande hôtellerie a chuté de 7 points (58 %).
A cela, plusieurs explications. Tout d’abord, la conjoncture internationale : selon le rapport du CTR, la reprise durable de l’activité économique ne se fera, au mieux, qu’à partir du mois d’octobre, voire en 2003.
Pas étonnant donc que dans cette mauvaise conjoncture, la consommation touristique en prenne un coup. De plus, même si les événements du 11 septembre sont éloignés, leurs conséquences sur les déplacements, en particulier aériens, sont encore perceptibles. Les touristes privilégient davantage les cours séjours dans les villes européennes et des vacances dans les pays limitrophes de la France, d’autant plus qu’ils bénéficient, avec les 35 heures, de week-ends prolongés.
Les destinations lointaines sont donc pénalisées, et la Réunion subit de ce fait, une quadruple concurrence : les pays européens, le bassin méditerranéen (Maroc, Tunisie, Egypte) qui multiplie les offres promotionnelles et les Antilles françaises qui mènent de fortes actions de relance après leur chute significative de clientèle en 2001.
DES TARIFS AéRIENS TROP éLEVéS
La Réunion doit enfin supporter des contraintes particulières comme le manque de mobilité des Français du fait de la période électorale ou
les conditions de la desserte aérienne. L’examen du trafic révèle à la fois un manque de confiance en Air Lib, un excédent de sièges (annulations de vols) et un manque de sièges à bon prix, ce qui décourage les professionnels, affirme le rapport du CTR. Au niveau français, les voyagistes ont vu globalement leur activité se ralentir. Ils sont donc enclins à vendre des forfaits à prix attractifs avec une bonne marge et sans risque de problèmes de transport. Tout cela ne favorise pas la destination Réunion.
Pour ajouter au tout, la plupart des destinations exotiques font désormais la même promesse bleue et verte que la Réunion ; le challenge est donc particulièrement difficile pour l’île intense.
C’est toute la difficulté en terme de marketing pour des produits challengers comme la Réunion de se positionner en période de crise entre des marques refuges (les grandes destinations reconnues) et les produits d’appel (demande forte de la clientèle) parfaitement informée de la baisse de l’activité touristique et de la suroffre existante sur des tarifs promotionnels», poursuit l’analyse du CTR.
Malgré tout, on tient le coup, affirme Jacquet Hoareau. Nous attendons beaucoup de l’après-visite de la ministre de l’Outre-mer, Brigitte Girardin, notamment au niveau du transport aérien. Il faut une concurrence loyale, un prix du billet acceptable pour tous, à tout moment de l’année. Le gouvernement va proposer une loi programme en septembre. Le tourisme doit prendre toute sa place dans cette loi. C’est tout de même la première économie de l’île. On sait que de juin à août, ce n’est pas très favorable, les Européens descendent sur la côte sud de la métropole. On va donc continuer nos actions de promotion. Nous travaillons avec Corsair pour renforcer notre présence en Allemagne et nous allons également intensifier les voyages de la presse nationale et européenne. Des journalistes du magazine Femmes Actuelles sont par exemple venus récemment pour un reportage et nous attendons dès demain une équipe de télévision allemande. Nous avons également participé au Salon en Afrique du Sud où nous avons pu sensibiliser une population aisée à la recherche de nouvelles destinations. Enfin, sont également en préparation, la participation au salon professionnel Top Résa à Deauville, le Volcarun et le Raid Ariel qui auront lieu en fin d’année, ainsi que d’autres salons à Londres et Montreux. Pour le deuxième semestre 2002, on ne baisse pas les bras».
source : www.clicanoo.com