COMITE D'ENTREPRISE

« Non, on ne licenciera pas ! »

Cent quarante maires et conseillers généraux ont répondu présents. Quelle est la motivation des dirigeants de la verrerie-cristallerie quand ils ont voulu cette première dans les annales de l’entreprise ? « Il nous a semblé important de permettre à tous les maires des communes dans lesquelles réside un nombre significatif de nos collaborateurs, vous qui les côtoyez régulièrement et recevez des informations de toutes parts, de savoir à quoi correspond l’entreprise, ce qu’elle fait, où elle en est et, bien sûr, quels sont ses espoirs, ses craintes, ses problèmes », expliqua le directeur général après avoir présenté la direction et les actionnaires de l’entreprise « totalement privée, pas cotée en bourse et propriété exclusive de Mme Jacques Durand et de trois de ses enfants NDLR. Philippe Durand, président du directoire et se deux soeurs, Annick Ibled et Francine Delloye ».
Après la visite du four H par le circuit touristique, les élus étaient reçus dans l’amphithéâtre de l’EIPC-ESCIP. MM. Parissaux, d’abord, Durand ensuite entamèrent ce qui ne fut justement pas une leçon aride d’économie mondiale. Ils avaient un but : démontrer que si l’activité des 11 614 personnes à Arques, Blaringhem et Aire générait 80% environ de la production totale du groupe, le fait que 4 personnes sur 5 y travaillaient pour l’exportation, donc pour l’étranger, n’était pas sans poser des problèmes liés à la concurrence. But corollaire : démontrer, chiffres à l’appui, que le coût de la main d’oeuvre, de l’énergie et, surtout, les taxes d’Etat pesaient, en France, lourd dans la balance.
Oui, mais l’emploi
Il est des phrases de M. Durand qui ont dû frapper plus que d’autres les esprits de ces élus dont certains ont rappelé l’attachement héréditaire de familles de cristalliers pour leur usine. Citons, parmi celles dont presque chaque mot est à peser :« Dans notre domaine, l’emploi en France risque fort de ne plus jamais être en croissance… Nous voulons nous battre jusqu’au dernier souffle pour ne pas priver d’emploi ceux qui ont, chez nous, un contrat à durée indéterminé… L’Etat doit être plus simple, moins coûteux et c’est à cette seule condition que nous pourrons accompagner jusqu’à la retraite ceux qui ont fait le choix de venir travailler chez nous. Cet objectif devra s’accompagner des embauches nécessaires et suffisantes pour renouveler une partie de nos emplois qualifiés, qu’ils soient techniques ou qu’ils concernent la vente de nos produits français à l’étranger… Nous avons toujours eu et aurons régulièrement des restructurations : celui qui ne s’adapte pas disparaît. Nous le ferons dans le respect des personnes et en discutant avec le comité d’entreprise ». Coups de griffes « acérés » contre la loi des 35 h, contre les lois de modernisation sociale allèrent dans le même sens des dégâts causés, pour lui, par l’ingérence de l’Etat.
Vous nous préparez quelque chose ?
Preuve que le message devait être encore plus clair, un des premiers élus qui prirent la parole demanda : « Vous nous préparez quelque chose que vous ne voulez pas dire ? ». « Non, nous ne vous cachons rien. Nous voulons simplement vous dire que si on est encore les premiers au monde, nous sommes aujourd’hui talonnés par des gens qui, il y a encore dix ans, faisaient « des cochonneries ». Que dans ce cadre concurrentiel nouveau nous ne pouvons pas attendre que ça passe car ça n’ira pas mieux demain. Nous voulons vous dire que nos collaborateurs pourront se plaindre que leurs conditions de travail ont changé mais pas qu’on les aura mis dehors », répondit, en termes plus directs, Jacques Parissaux. Quant à la peur de voir la production en Chine nuire à la verrerie arquoise :« la question est plutôt de savoir à quelle vitesse il va falloir y construire un second four pour satisfaire la flambée de consommation, en Chine même », répond M. Durand.

source : la voie du Nord

Quitter la version mobile