COMITE D'ENTREPRISE

Jean-René Fourtou est nommé à la présidence de Vivendi Universal

Comme prévu, Jean-René Fourtou, qui avait donné son accord à cette mission jeudi 27 juin, a été nommé, à l’unanimité, PDG du groupe de médias et de communication.

A ses côtés, Claude Bébéar, président du comité de surveillance d’Axa, fait son entrée au conseil, et prend la présidence d’un comité chargé des finances du groupe, créé pour l’occasion. Henri Lachman, PDG de Schneider, administrateur de Vivendi Universal et qui a beaucoup oeuvré dans cette crise, prend la présidence d’un deuxième comité chargé de la stratégie.

Cette prise en main des membres du club Entreprises et Cité est le changement le plus noTABLE du nouveau conseil, qui a des allures d’assemblée de transition. Gérard Kleisterlee, président de Philips, deuxième actionnaire du groupe derrière la famille Bronfman, rejoint aussi le conseil. En revanche, Esther Koplowitz et Simon Murray restent administrateurs, contrairement à ce que nous avions annoncé.

Premier sujet du conseil : les indemnités de départ de M. Messier. Selon nos informations, l’ancien président du groupe qui réclamait 20 millions de dollars de prime n’aurait rien obtenu. La menace, brandie par l’Association des actionnaires minoritaires en France et par des actionnaires américains d’engager des actions en justice pour abus de bien social si M. Messier recevait des indemnités, a pesé sur cette décision. D’autant que les nouveaux entrants avaient fait savoir que cette question relevait de la responsabilité de l’ancien conseil.

NOUVELLES FACILITÉS BANCAIRES

Si le départ de M. Messier clôt un chapitre de la crise du groupe, celle-ci est loin d’être terminée. Il faut sauver Vivendi Universal. Et la tâche s’annonce délicate. « La situation est tendue sur le plan de la trésorerie et je constate que peu d’instruments permettaient d’anticiper la crise de liquidités qui nous arrive à court terme », a déclaré M. Fourtou dès l’issue du conseil. Selon les chiffres publiés dans un communiqué, le groupe dispose, au 3 juillet, de 1,2 milliard d’euros de trésorerie et de 1,6 milliard de lignes de crédit, dont au moins 600 millions disponibles. Dans le même temps, il doit faire face à des remboursements de l’ordre de 1,8 milliard d’euros d’ici à la fin juillet.

Le groupe devrait éviter l’étranglement financier. Avant même d’avoir obtenu le renversement de M. Messier, les administrateurs ont négocié et obtenu, dès vendredi 28 juin, des banques du groupe de nouvelles facilités bancaires.  » La Deutsche Bank, la Société générale et BNP Paribas ne peuvent pas faire autrement. Elles sont trop engagées dans Vivendi Universal. Cela leur coûtera peut-être 200, 300, 400 millions de dollars de plus. Mais les enjeux sont tels qu’elles ne peuvent pas se retirer et risquer un incident de paiement », note un observateur.

« Vivendi n’est ni de près ni de loin dans une situation de crise de solvabilité », a assuré, de son côté Michel Pébereau, président de BNP Paribas, mercredi. Qualifiant de  » farfelue » la somme de 4 milliards d’euros évoquée par Le Monde pour chiffrer les engagements de la banque auprès de Vivendi Universal, il s’est, toutefois, refusé à indiquer le montant des prêts contractés par le groupe auprès de la banque, en invoquant le secret bancaire.

MISSION D’AUDIT

La deuxième tâche urgente du nouveau conseil du groupe est de rassurer les marchés. La défiance des investisseurs sur la qualité des comptes, sur la solidité du groupe est devenue énorme. Mercredi, en dépit de la démission de M. Messier demandée par le marché, le titre a perdu à nouveau 21,91 %, à 13,9 euros. La confirmation de la nomination de M. Fourtou devrait, toutefois, un peu les rassurer. « C’est un homme d’expérience, qui a sa carrière derrière lui et n’est pas appelé à rester très longtemps. A priori, cela devrait permettre d’éviter une gestion aventurière ou même des pratiques contestables comme constituer des provisions massives pour assurer des chiffres flatteurs lors des deux-trois exercices suivants », dit un analyste.

Pour restaurer la confiance du marché, le conseil a décidé d’engager très vite une mission d’audit sur l’ensemble des activités du groupe. Le dossier a été confié au cabinet Ernst & Young, qui n’est pas l’auditeur habituel du groupe. Il devrait rendre ses conclusions d’ici trois mois.

Dans les prochaines semaines, le groupe risque d’avoir à annoncer encore des mauvaises nouvelles. Les comptes du premier semestre seront le premier test. Selon nos informations, les résultats opérationnels de Vivendi Universal pourraient être décevants. Dans la musique notamment, le groupe subirait, comme ses concurrents, le ralentissement d’un marché devenu mûr et victime du piratage. Dans le même temps, il lui sera difficile d’éviter de nouvelles dépréciations d’actifs, alors que le titre a perdu plus de 70 % de sa valeur depuis l’arrêté des comptes 2001.

Des actifs imposants mais difficiles à vendre

« Avec un patrimoine de 60 milliards d’euros, la valeur d’actif du groupe couvre très largement les dettes qui atteignent, selon nos calculs, environ 20 milliards », assure Romain Burnand, analyste de JP Morgan Chase dans une étude sur Vivendi Universal. La situation , cependant, s’annonce compliquée pour le groupe. Comme l’a prouvé la difficile vente de la presse professionnelle, les actifs de Vivendi Universal, s’ils ont une valeur réelle, ne sont pas tous faciles à vendre. Ils sont importants, peu liquides, et n’intéressent, vu leur taille, qu’une poignée de candidats, souvent des concurrents. De plus, tous les acheteurs connaissent désormais les problèmes du groupe et sont enclins à faire jouer le rapport de force en leur faveur, comme le fait actuellement Rupert Murdoch. Le magnat australo-américain a annoncé son intention de renégocier les termes de l’accord de cession de Telepiù.

source : www.lemonde.fr

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